Longle en plicature. Déformation uni ou bilatérale de la plaque unguéale avec une partie médiane de l’ongle aplatie mais 1, ou les 2 bords latéraux, fortement pliés qui forment un angle à 90°, parfois même plus et créent une rupture dans la kératine de l’ongle. Risques et traitements sont identiques aux déformations en volute
Letraitement naturel des mycoses des doigts ou de la main repose surtout sur des gestes de prévention : Utiliser un savon doux et une crème hydratante contre la sécheresse de la peau. Le pharmacien pourra vous conseiller des huiles essentielles pour aider à soigner une mycose des mains. Mais ne les utilisez jamais pour une mycose de la
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Sivous êtes affecté par une mycose des mains, des ongles ou des doigts de la main, vous voudrez sûrement vous en débarrasser sans attendre, L’équipe médicale de Qare vous donne des clés pour mieux identifier et soigner une mycose des Mycose de l’ongle pied, main : reconnaître et soigner l Mycose des ongles : causes et traitement de l’onychomycose . Date de publication
PANARISDU DOIGT OU DU PIED : soigner un panari (doigt ou orteil) VERRUE MAIN : enlever une verrue de la main ou du doigt. ECZEMA AU CIMENT : l’exema des mains au béton ou « gale du maçon ». CLOQUES DES MAINS ET PIEDS : la dyshidrose et ses boutons (doigts, orteils) ECZEMA DU PIED : soigner l’exema des pieds.
tgXEMba. Saviez-vous que certaines anomalies sur vos ongles telles que la présence de tâches, la décoloration et la séparation peuvent fournir de nombreux indices sur votre état de santé général ? Des ongles normaux, en bonne santé devraient avoir un aspect lisse et une coloration uniforme, mais en prenant de l’âge, vous pouvez développer des stries verticales, ou bien vos ongles peuvent devenir un peu plus fragiles. Voici différents cas de figurent que le site Santé Nutrition nous présente Les ongles blancs Si vos ongles sont blancs pour la plupart et plus sombres sur les bords, cela peut indiquer des problèmes de foie, comme l’hépatite. Dans l’image ci-dessous, vous pouvez voir que les doigts sont également jaunâtres ce qui est un signe de jaunisse, qui est une autre affection du foie. Des ongles très pâles peuvent parfois être un signe de problèmes du foie. Mais des ongles très pâles peuvent parfois être aussi le signe de très sérieux problèmes de santé, tels que • Anémie • Insuffisance cardiaque congestive • Maladie du foie • Malnutrition Taches blanches Si des petits points blancs ou taches blanches apparaissent sur la surface de l’ongle et ne partent pas lorsque vous essayez de les polir pour les faire disparaître, c’est généralement dû à quelque type de traumatisme, même aussi simple qu’un doigt que vous avez cogné ou un soin des cuticules trop agressif. Dans ce cas, laissez-leur juste le temps de disparaître lorsque l’ongle pousse, mais s’ils restent, voyez votre dermatologue, car cela pourrait être le signe d’autres problèmes de santé comme la leukonychie. Leukonychie Communément appelé ongles blancs ou taches de lait, la leukonychie est plus souvent située sur les ongles des mains que sur les ongles des pieds et se situent souvent au milieu de l’ongle. La surface de l’ongle normal devrait être rose, indiquant une bonne circulation sanguine en-dessous de la surface de l’ongle. Ces taches blanches sont généralement tout-à-fait bénignes, quoique, dans certaines autres situations elles pourraient signaler une maladie sous-jacente. Il peut s’agir d’une infection bactérienne ou fongique ou encore, un effet secondaire inhabituel de la chimiothérapie systémique. Cela peut se trouver également chez des personnes qui ont un empoisonnement à l’arsenic, une insuffisance rénale ou une maladie respiratoire. Le contact avec le froid extrême pourrait éventuellement aboutir à la progression de la leukonychie mais ces taches disparaîtront lentement au fil du temps. Syndrome des ongles jaunes Avec le syndrome des ongles jaunes, les ongles épaississent et la nouvelle croissance ralentit. Cela se traduit par une décoloration jaunâtre des ongles. Une des causes les plus courantes des ongles jaunes est une infection fongique. Au fur et à mesure que l’infection s’aggrave, le dessous de l’ongle peut se rétracter, et les ongles épaissir, s’effriter, ne pas former la cuticule et l’ongle peut se détacher par endroits. Le syndrome des ongles jaunes est souvent un signe de la maladie respiratoire, comme la bronchite chronique. Il peut également être lié à un gonflement des mains lymphoedème. Dans de rares cas, les ongles jaunes peuvent indiquer un état plus grave comme une affection sérieuse de la thyroïde, une maladie pulmonaire, le diabète ou le psoriasis. Ongles bleuâtres Le terme médical d’ongles bleus est une cyanose qui peut être le signe de divers troubles et devrait être examinée. Alors que les températures très froides peuvent ralentir temporairement le flux sanguin dans la peau causant une couleur bleuâtre, cette couleur devrait disparaître dès que vous vous réchauffez. Dans la maladie de Raynaud, les doigts et les orteils blanchissent, puis deviennent bleus et peuvent s’engourdir ou être douloureux lorsqu’ils sont exposés au froid. Le problème est simplement une sensibilité excessive des nerfs qui contrôlent le flux sanguin dans les petites artères des doigts, des orteils, du nez et des lobes de l’oreille. Ongles verts Les ongles verts sont le résultat d’une infection à pseudonomas, qui est habituellement causée par l’environnement. Cela signifie que ceux dont le système immunitaire est déjà faible sont très sensibles à ce type d’infection de l’ongle qui rend souvent l’ongle verdâtre. Ongles piquetés Des petites dépressions ou piquetages dans les ongles sont fréquentes chez les personnes atteintes de psoriasis qui est une affection caractérisée par des plaques squameuses sur la peau. Cela peut également être lié à des troubles du tissu conjonctif, tels que le syndrome de Reiter, la pelade, maladie auto-immune qui provoque la perte des cheveux. Ongles ondulés Si la surface de l’ongle est ondulée, un peu comme les ongles piquetés dont j’ai parlé juste au-dessus, cela peut être un signe précoce du psoriasis ou d’arthrite inflammatoire. La décoloration de l’ongle est également fréquente et la peau sous l’ongle peut avoir une couleur brun-rougeâtre. Ongles fendus Les ongles fendus ou craquelés sont des troubles communs de l’ongle liés à la maladie. Les ongles secs et cassants qui sont craquelés ou cassés ont fréquemment été associés à la maladie de la thyroïde. L’ongle craquelé associé à une couleur jaunâtre est probablement dû à une infection fongique. Les faibles niveaux de vitamine C, acide folique, et certaines protéines dans le régime alimentaire sont également connus pour provoquer des ongles qui se fendent. Ongles à nervures Les nervures peuvent être horizontales ou verticales. Des nervures verticales peuvent signifier des problèmes de nutrition, de la déshydratation ou des problèmes d’assimilation des nutriments. Des nervures horizontales dans l’ongle sont souvent associées au diabète, les maladies du foie ou d’autres maladies chroniques. Les deux types de nervures peuvent aussi être causés par des lésions des ongles. Lignes sombres sous l’ongle Si vous avez la peau foncée, il est assez fréquent d’avoir des stries du pigment de la mélanine à la base de vos ongles. Cependant, vous devriez toujours faire vérifier cette information par votre médecin, car cela peut parfois indiquer une forme de cancer de la peau appelé mélanome subungual, le plus dangereux des types de cancer de la peau. Généralement, cela n’affecte qu’un seul ongle, et fait changer l’aspect de la ligne, qui devient plus large ou plus foncée avec le temps. La pigmentation peut également affecter la peau autour de l’ongle. Petites stries brunes Ce sont des lignes sombres et minces sous l’ongle qui pourraient être de minuscules vaisseaux qui saignent sous l’ongle. Elles sont connues comme des hémorragies filiformes » et ne sont pas inquiétantes si elles sont dues à une blessure de l’ongle. Toutefois, si quelques ongles sont touchés, cela peut être un signe que l’une des valves cardiaques est infectée, affection nommée endocardite ». Ces hémorragies filiformes peuvent également être associées à plusieurs autres conditions, comme la sclérodermie, le lupus, le psoriasis et la polyarthrite rhumatoïde. Perles ou formations de crêtes verticales Cela ressemble à des crêtes verticales ou bourrelets, ressemblant à des gouttes de cire d’une bougie. Les perles semblent couler le long de l’ongle comme de la cire et cela est associé à des problèmes endocriniens ou hormonaux, comme le diabète sucré, les troubles de la thyroïde, la maladie d’Addison, une carence en vitamine B, les changements hormonaux ou le stress. Cependant, tout comme avec notre peau, ces rides de l’ongle » sont généralement causées par le vieillissement. Elles vont de la base de l’ongle jusqu’à la pointe et généralement commencent sur un ou deux ongles. Au fil du temps, les arêtes peuvent apparaître sur tous les ongles. En les limant et les polissant doucement, cela peut aider à les lisser. Ongles bombés Les ongles bombés peuvent être héréditaires et peuvent être inoffensifs. Toutefois, s’ils se développent tout d’un coup, ils peuvent être le signe d’une condition médicale sous-jacente, et en raison de faibles niveaux d’oxygène dans le sang, entraînant diverses maladies telles que la maladie pulmonaire ou cardiaque. Avec les ongles bombés, l’angle naturel a disparu et les ongles sont au même niveau que le dessus des doigts. Cela peut être le syndrome de Hamman-Rich, une pneumopathie interstitielle aiguë, une forme de pneumonie caractérisée par une inflammation du poumon. Avec les maladies interstitielles pulmonaires avancées, l’hippocratisme digital et des signes d’insuffisance cardiaque peuvent apparaître. C’est également associé à la maladie de l’intestin irritable, les maladies cardio-vasculaires les maladies du foie et le SIDA. Les ongles de Terry Ceci a été nommé d’après le Dr Richard Terry et apparaît lorsque les ongles des mains ou les orteils apparaissent blancs avec un aspect caractéristique de verre dépoli », sans lunule – cette zone blanche de l’ongle en forme de croissant. Avec cette condition, la plupart des ongles sont blancs, excepté pour une bande rose étroite à la pointe. Elle est décrite comme un arc brun au voisinage des extrémités des ongles. Les ongles de Terry peuvent parfois être attribués au vieillissement. Dans d’autres cas, ils peuvent être le signe d’une maladie sous-jacente grave. Cette condition peut être due à une diminution de la vascularisation et une augmentation du tissu conjonctif à l’intérieur de l’ongle, et se produit souvent dans le cadre de l’insuffisance hépatique, la cirrhose, l’insuffisance rénale, le diabète sucré, l’insuffisance cardiaque congestive, l’hyperthyroïdie, et / ou à la malnutrition. Onychorrhexie Il s’agit de la présence de stries ou nervures longitudinales sur l’ongle et cela peut être simplement le signe d’un âge avancé, mais peut également être associé à des conditions telles que la polyarthrite rhumatoïde, la maladie vasculaire périphérique, le lichen plan, et la maladie de Darier larges stries blanches et rouges de l’ongle. Une arête ou rainure verticale centrale comme sur la photo peut être due à des kystes myxoïdes qui apparaissent près de la base de l’ongle, qui sont associés à l’arthrose. L’onychorrhexie affecte principalement les personnes qui souffrent de troubles. La malnutrition ou une mauvaise nutrition peuvent affecter la santé et la croissance des ongles et les rendre cassants, tout traumatisme ou une blessure sur les ongles peuvent également entraîner l’onychorrhexie. Des blessures répétées à l’ongle conduisent souvent à cette affection. Ceux qui travaillent pendant de longues heures avec de l’eau et du savon sont également à risque, comme le sont ceux qui utilisent trop de vernis à ongles, et ceux qui sont soumis à une exposition prolongée au froid. L’hypothyroïdie est une maladie glandulaire qui résulte d’un déficit de la production de l’hormone thyroïdienne. La production de la thyroïde réduite est due à une glande thyroïde hypoactive. C’est l’une des principales causes de l’onychorrhexie. La boulimie est une condition qui affecte des femmes jeunes qui deviennent dépressives après avoir mangé en excès et se sentent coupables de ne pas contrôler leur alimentation ni leur poids. L’anorexie mentale est une autre maladie psychologique dans laquelle la victime est obsédée par son poids et a l’illusion d’être trop grosse même si elle est plutôt maigre. Le diagnostic de l’onychorrhexie n’est pas compliqué, car la maladie a été détectée principalement par l’observation physique des ongles. Des tests sanguins et des examens de niveau de la thyroïde peuvent être recommandés si le médecin soupçonne une maladie sous-jacente comme l’hypothyroïdie. Le traitement médical de l’onychorrhexie dépend généralement de l’affection sous-jacente. Le traitement est censé varier en fonction de la nature de la maladie qui sous-tend l’onychorrhexie. Une fois que les causes ont été traitées, les symptômes de l’onychorrhexie disparaîtront également bientôt. Le traitement de l’onychorrhexie à la maison implique des médicaments comme des crèmes pour les mains. Une crème ou une lotion composée d’huiles végétales naturelles va garder la main hydratée et aider à guérir la maladie. L’application régulière de produits hydratants sur la peau et les ongles évitera le retour de ces symptômes. Lignes de Beau Les lignes de Beau sont des indentations qui traversent les ongles et peuvent apparaître au début dans la zone sous la cuticule et ce phénomène a été initialement décrit en 1846 par le médecin français Joseph Honoré Simon Beau. Les lignes sont causées par des maladies qui affectent l’ensemble du corps, y compris la malnutrition, la crise cardiaque, les maladies du foie, des infections graves comme les oreillons, la rougeole, la scarlatine, la pneumonie et les troubles métaboliques comme un diabète mal contrôlé. Cependant, les lignes de Beau peuvent résulter de tout processus de maladie qui est assez sévère pour affecter la croissance de l’ongle. La malnutrition et les médicaments de la chimiothérapie pour le cancer peuvent également causer les lignes de Beau, tout comme une carence en zinc. Un traumatisme ou une blessure peut aussi être une cause de lignes de Beau ou de nervures de l’ongle. Le début de la maladie peut être estimé en mesurant la distance de la ligne de Beau à la base de l’ongle. Ongles en forme de cuillère Les ongles en forme de cuillère de koïlonychie sont des ongles mous qui semblent creusés. La dépression est généralement assez grande pour contenir une goutte de liquide. Souvent, les ongles en cuillère sont un signe de l’anémie ferriprive ou une maladie du foie appelée hémochromatose, dans laquelle votre corps absorbe trop de fer par la nourriture que vous ingérez. Les ongles en cuillère peuvent également être associés à la maladie du cœur et à l’hypothyroïdie. Onycholysis Les ongles deviennent lâches et peuvent se détacher du lit de l’ongle. La partie séparée de l’ongle devient opaque avec une teinte blanche, jaune ou verte. Parfois, les ongles détachés sont associés à une blessure ou une infection, mais dans d’autres cas, la séparation de l’ongle est une réaction à un médicament ou un produit de consommation comme les durcisseurs d’ongles ou des adhésifs. La maladie de la thyroïde et le psoriasis peuvent également provoquer la séparation de l’ongle. Perionyxis La paronychie est le nom de l’inflammation qui provoque au repli de l’ongle une inflammation douloureuse, rouge et enflée, ainsi que la peau et les tissus mous qui entourent l’ongle. La Perionyxis peut être aiguë, et se développer en quelques heures, ou chronique, et durer plus de six semaines, et est le plus souvent causée par une infection, une blessure ou une irritation. Parfois, il y a une affection de la peau sous-jacente telle que l’eczéma ou le psoriasis ou une autre maladie telle que le diabète ou le VIH, et est environ trois fois plus fréquente chez les femmes que chez les hommes. Se ronger les ongles Se ronger les ongles peut n’être rien de plus qu’une vieille habitude, mais dans certains cas, c’est un signe d’anxiété persistante qui pourrait bénéficier d’un traitement. Le fait de se ronger les ongles a été lié également à un trouble obsessionnel compulsif, et l’habitude est souvent un moyen de soulager l’anxiété ou de maintenir au moins une partie du corps occupée pendant que l’esprit se trouve désœuvré. La frustration et la solitude sont des déclencheurs émotionnels supplémentaires qui peuvent conduire à se ronger les ongles. Alors que certaines recherches suggèrent que les gènes peuvent jouer un rôle, si vous ne pouvez pas arrêter, cela vaut la peine d’en discuter avec votre thérapeute.
Détails du produitproductRefME36148500manufacturerSKUC22040040M1F621【Extrémités rondes pour plus de sécurité】 Contrairement aux autres ciseaux de toilettage pour chiens, nos ciseaux de toilettage pour chiens avec une pointe arrondie personnalisée sont beaucoup plus sûrs à utiliser et minimisent le risque de blesser ou de piquer accidentellement votre chien avec l'extrémité pointue des ciseaux pour chien pour toilettage. Ne vous inquiétez pas de piquer accidentellement les animaux de compagnie, en particulier lors du toilettage des zones sensibles comme les yeux. Il aide à toiletter les animaux de compagnie plus facilement et en toute confiance.【Bon matériel et technologie】 Ces ciseaux de toilettage pour chiens sont fabriqués en acier inoxydable de haute qualité revêtu de titane 4CR avec une dureté élevée, de sorte que les ciseaux de toilettage pour chiens sont durables et tranchants. Utilisation de la conception à arc convexe pour augmenter la poussée des ciseaux pour chiens pour le toilettage, professionnel et plus lisse et stable. Coupez correctement et rapidement les cheveux longs et épais de manière propre et précise, sans tirer sur le pelage du chien.【Prise confortable Utilisation de longue durée Pas fatigué】Conception ergonomique Ajustement de la main dans l'angle le plus confortable pour une prise en main facile, ciseaux de toilettage pour chiens conçus avec le maximum confort pour tenir dans la main naturellement et confortablement, ne pas blesser les doigts après une longue utilisation. Les bagues sont détachables pour une utilisation plus large des doigts. Facile et confortable à manipuler et à contrôler.【Ensembles complets de produits essentiels pour la maison】Ces ciseaux de toilettage pour chiens comprennent des ciseaux à effiler de 6,5 pouces pour chiens, des ciseaux de toilettage incurvés de 6,5 pouces pour chien, des ciseaux de toilettage pour chiens droits de 4,5 pouces et 5,5 pouces, 7,0 Peigne en acier inoxydable, chiffon de nettoyage et étui de rangement. Parfait pour couper les oreilles, les pattes, le collier, les côtés et peigner un long manteau épais et détend les animaux de compagnie.【Cadeaux supplémentaires et services sucrés】Vous obtiendrez une étiquette d'identification pour animaux de compagnie en strass supplémentaire, chaque ciseaux de toilettage pour chien est soutenu par imbattable , qualité de produit fiable et de confiance et service client, n'hésitez pas à nous contacter si vous n'êtes pas satisfait, nous résoudrons inconditionnellement pour vous! nous vous fournirons un service doux à tout moment. votre satisfaction sera notre objectif !Questions & réponsesLes experts vous éclairent sur ce produitAvis4,0/5Note globale sur 3 avis clients
Reminder of your requestDownloading format TextView 1 to 460 on 460Number of pages 460Full noticeTitle Le Navire d'argent revue mensuelle de littérature et de culture générale / directrice Adrienne Monnier ; secrétaire de la rédaction Jean PrévostPublisher ParisPublication date 1926-02Contributor Monnier, Adrienne 1892-1955. Directeur de publicationContributor Prévost, Jean 1901-1944. RédacteurRelationship textType printed serialLanguage frenchLanguage FrenchFormat Nombre total de vues 925Description février 1926Description 1926/02 A2,N9-1926/05/01 A2,N12.Rights Consultable en ligneRights Public domainIdentifier ark/12148/bpt6k81789cSource Bibliothèque nationale de France, département Littérature et art, 8-Z-23525Provenance Bibliothèque nationale de FranceOnline date 15/10/2007The text displayed may contain some errors. The text of this document has been generated automatically by an optical character recognition OCR program. The estimated recognition rate for this document is 94%.LE Navire d'Argent '"• i '*} i Ë j£,ain wKAUjjuuA- = .j*'ia i\ecnercne ae joeua. JEAN mistler L'Inquiet.. BENJAMIN CRÉMIEUX Italo SvevO. italo svevo Zeno Cosini. Traduction par Benjamin Créçnieux, italo svevo Emiîjo Brentarii. Traduction par Valéry Larbauà^ _r' ABEL CHEVALLEY Le RomanrfpEpôratif au temps dé Shakespeare. REVUE DE LA CRITIQUE ^;v., la gazette ?; La Maison des Amis des Livres `v • 7» RUE DE L'ODÉON PARIS-VI TÉL. FLEURUS 25-o5 ar» ANNÉE N 9 1er FEVRIER 1926 PRIX DU No FRANCE 5 fr. ÉTRANGER 5 fr. 5ô 1 » LE NAVIRE d'Argent Directrice ADRIENNE MONNIER Secrétaire de ta Rédaction JEAN PRÉVOST REVUE MENSUELLE DE LITTÉRATURE ET DE CULTURE GÉNÉRALE PARAIT LE iSf DE CHAQUE MOIS CONDITIONS D'ABONNEMENT Un An – France 5o francs. – Étranger 60 francs. six Mois – France 27 francs. – Étranger 32 francs. Édition de luxe ¡ Un An, France ioo francs. – Étranger 120 francs. Une réduction' de 10% sur le prix des abonnements est faite aux Professeurs et aux Etudiants, ainsi qu'anx Sociétaü-es de La Maison des Livrés. Adresser tout ce qui concerne la Rédaction et l'Administration à M»» ADRIENNE MONNIER MANUSCRITS Les auteurs non avisés dans le délai d'un mois de l'acceptation de leurs ouvrages peuvent les reprendre à La Maison des Amis les Livres où ils restent à leur disposition pendant un an. Les manuscrits seront retournés par poste aux auteurs qui nous enverront le montant de l'afranchissement. JEAN GIRAUDOUX. A la Recherche de Bella. 3 JEAN MISTLER. L'Inquiet 14 BENJAMIN Italo Svevo. 23 ITALO SvE~~–tM Cosini. 27 luciiun par Denjamin uremieux. mio Brentani 54 ÎUctioi par Valery Larbaud. -\x >Chevalley tif au temps de Shakespeare.. 64 REVUE DE LA CRITIQUE Notes de J. P. sur Gogol Les Ames mortes; Paul Claudel Feuilles de Saints; Édouard Herriot Dans la forêt normande; Jean-Richard Bloch .Et Compagnie 77 Opinions de MM. Benjamin Crémieux, Edmond Jaloux, Frédéric Lefèvre, Pierre Lœvel, Maurice Martin du Gard, François. Montel, Paul Souday et Stendhal sur Maurice Genevoix Raboliot; Joseph Delteil; Drieu la Ro- chelle L'Homme couvert de femmes P. J. Jouve Paulina 1880 Émile Zavie La maison des trois fiancées Henri Deberly Pancloche; Une heure avec Drieu la Rochelle; Bilan littéraire de 1925; Baudelaire Amœnitates Belgicse; Talleyrand. 82 LA GAZETTE LA GAZETTE par A. M 89 UsSX x Bella se dérobait. Plusieurs fois j'allai l'attendre à la porte du ministère de la Justice, place Vendôme. Au pied du mètre type gravé dans le mur, j'attendais. J'attendais, comme on attendait autrefois la Justice elle-même, sous la pluie, et en maugréant. Je faisais les cent pas, les étalonnais au mètre type. J'avais le col de mon pardessus relevé, les yeux aigus les passants me croyaient de la Justice secrète. De la porte voisine, porte du Ritz, sortaient dix, vingt, cent femmes. Je m'étais dans la vie trompé d'une porte. Que n'aurais-je pas eu à l'autre, mais par la mienne Bella ne sortit jamais. C'était la première fois depuis la guerre que la chair féminine, les parfums, les fourrures se raréfiaient autour de moi. C'était les premiers jours depuis que je n'avais plus d'uniforme où mes doigts n'avaient pas ouvert un bâton de rouge, caressé, tendre mamelle, un réticule. J'avais troué ce filet de bras nus qui m'avait reçu dans mon premier veston, et je me retrouvais seul à terre, à Paris, sans amis. Mes meil-' leurs camarades étaient tués. Je' n'avais plus guère d'amis de mon âge que parmi les étrangers. Toutes ces lettres, toutes ces pensées destinées par nature à des Limousins, à des Berrichons, à des Savoyards, c'était à des Anglais, à un Italien, à un Balte, que je devais maintenant les envoyeiv C'est en américain qu'on me félicitait de ma fête, de NoëlJ Ma jeunesse ne me souriait plus guère qu'avec des dents en or Mais voilà que ces âmes de rechange se mettaient elles aussi à disparaître, Murphy tombait dans le Niagara, Druso tuait son président du conseil et se suicidait. Je souffrais un peti ae t immodestie si peu française de ces morts, mais les jeunes gens que j'avais rencontrés chez mon père étaient justement, de retour chez eux, ceux qui organisaient la révolution ou les réformes. Celui qui fit sortir les femmes des harems, celui qui souleva la Chine du Sud contre la Chine du Nord, c'étaient mes amis. Le journal du matin me donnait de mes amis, en manchette, les nouvelles les plus secrètes. J'aurais mieux aimé une carte postale. Moi qui avais désiré des amis rentiers, notaires, jardiniers, pour lequel l'amitié était une salle de billard à Vaucresson, un jardin à Parmain, mes nouveaux amis étaient Stefanik, Mussolini. Je me cherchai des amis français. Je partais pour le Pré Catelan, pour les dancings, avec l'appréhension de mon premier départ pour le lycée. Quels voisins allaisje avoir ? Je les cherchais au Café de Paris, là où un autre eût cherché des femmes. Je les cherchais aux environs des femmes, dans les endroits du monde où se trouvent le plus de colliers et de diamants. Je m'asseyais dans le voisinage de jeunes gens qui me paraissaient bien portants et gais. Je raccrochais surtout la franchise, la loyauté. En deuil de l'amour, je raccrochais l'amitié. J'avais eu tort de ne pas venir plus tôt au Palais de Glace. C'était la fin des vacances. Les platanes du Grand Palais qui avaient orgueilleusement résisté à l'essence des autos, au goudronnage, succombaient à une souffrance qu'ils ne comprenaient pas, et qui était l'automne. Ils me découvraient maintenant le fronton du Palais de Glace, leurs feuilles moites en jonchaient l'entrée, ils m'y menaient comme à l'hiver Ils m'effleuraient le visage de leur feuille la plus basse et la plus solide, qui tombait, qui mourait de cette première caresse à un homme. Je m'approchais d'eux, je les flattais, je n'avais plus ce sot amour-propre qui empêche les hommes de caresser les arbres jusqu'à hauteur d'homme, ils étaient maculés, souillés, mais à partir de la première fourche, plus intacts que ne l'a jamais été arbre à la campagne, et sans branche tranchée par l'orage, car le paratonnerre du théâtre Marigny protégeait cette forêt de la foudre. Je me décidai. Je passai sous le portique romain, et, pour cinq francs, j'arrivai au œur de la saison encore prochaine. C'était, certes, la plus anodine des bacchanales d'après guerre. Trente couples tiraient de l'arène le grincement d'un archet sur une caisse sans résonance. Jamais la terre n'avait été violon plus muet. Autour d'un Atlantique terriblement condensé sous le gel, américaines, françaises, cubaines étaient là, à leur poste, grandeur nature. On buvait de l'orgeat, de la verveine. Toute la naïveté laissée pour compte des thés dansants était là, et même l'on riait quand tombait un maladroit. La glace avait conservé en ce lieu seul la bonne humeur. Les dangers qui flottaient là n'étaient plus mortels. L'eau était là, mais vaincue et solidifiée. Quelques demi-mondaines étaient là, mais ce n'était pas l'amour qui réunissait les couples, c'était l'équilibre. Un désir d'équilibre sans doute me prit je me lançai vers l'une d'elles. C'est juste à ce moment où j'allais lui être infidèle que m'atteignit l'amitié. Un jeune homme me heurta, vit mon visage contrarié, se mit à rire, et s'enfuit. Je m'amusai à le poursuivre. Délaissant la femme qui m'attendait en décrivant des circonférences parfaites, par une suite d'étoiles, de quadrilatères et de triangles j'arrivai à le rejoindre, et à le toucher du doigt. Il ne résista plus, il était pris. Je le fis prisonnier, comme l'on fait les prisonniers à la guerre et à la marelle, en les touchant du doigt bien plus qu'en les saignant. Il se présenta, m'invita à sa table que je voyais là-bas garnie d'un autre jeune homme et de deux jeunes filles, et nous regagnâmes le sol ferme, du pas des acteurs grecs en cothurne rentrant dans les coulisses, d'une marche bien saccadée et laide pour deux nouveaux amis, et comme tous ceux d'ailleurs qui sortent d'une belle fiction. Je restai avec eux. De temps en temps un de mes nouveaux amis s'échappait sans prévenir comme un pigeon de sa grange, patinait à toute allure derrière son moucheron, et revenait satisfait. Dès qu'il s'était amassé un peu de silence ou de gêne à notre table, l'un de nous pour le dissiper se précipitait et tournait un moment sur ce qu'il y a de plus lisse en fait de surface de la terre. Les jeunes filles parlaient à peine. Nous n'avions guère de sujet de conversation que celui d'entre nous qui était en piste, et par un relayage constant la conversation semblait devoir être entretenue, jusqu'au moment où elles surprirent un enfant qui essayait, trop mauvais patineur pour écrire, à tracer des lettres en traînant les pieds. Il vit que nous l'observions; et, comme une femme surprise cache la page qu'elle écrit, changea de direction, laissant son initiale inachevée. Mais il était trop tard. Une jeune fille l'avait déjà atteint, ramené, sommé de nous dire son nom, et je fus délégué pour l'écrire. L'enfant me contemplait, bienheureux, comme Citroën contemple ces avions qui tracent son nom en fumée. C'était la première publicité que l'on faisait pour son amour du patinage, pour son amour de la vie. C'était la première fois que l'on gravait son prénom sur le monde. Il me remercia, Paris ce soir était à ses initiales. Les jeunes filles le forcèrent à m'embrasser. Il avait je ne sais quel instinct du bonheur qui le poussa à les embrasser d'abord. Nous nous passions ce visage frais comme les autres groupes se passaient leur houpette. Les jeunes filles le regardaient en aiguisant leurs yeux, en fronçant les sourcils, comme un miroir, et de cette première rencontre, il resta toujours entre nous quatre un jeune fardeau invisible à caresser. Nous avions, sinon une enfance commune, du moins un enfant commun. Je revis mon prisonnier le surlendemain, puis, lui et ses amis, tous les jours. Ils s'étaient à peine aperçus au début que j'avais trente-trois ans, dix ans au moins de plus qu'eux, car je parais jeune, et bientôt ils l'eurent oublié. Je me laissais aller à vivre dans cette génération qui n'était pas la mienne. Il me fallut peu de temps pour rattraper les nerfs de ma jeunesse, qui déjà disparaissaient. J'appris à danser comme eux, à boire leurs boissons, à parler leur langage. Ce fut un peu moins facile de retrouver leurs muscles. Chaque matin j acquiérais à force de sandow la souplesse qu'ils obtenaient à leur réveil rien qu'en ouvrant une fois les bras, mais je savais mieux conduire une voiture, mieux sauter à pieds joints sur une table, j'avais tous les trucs de la vieillesse pour les jeux des jeunes. Quand nous entrions au bal, visage éclatant, sous des becs électriques, ils me mettaient inconsciemment au milieu de leur groupe, m'éloignaient de quelques mètres de ceux qui auraient reconnu sur moi, à des stigmates invi,sibles aux jeunes, que j'avais passé la trentaine, et quand je jouais au rugby avec les jeunes gens, ils me plaçaient aussi au centre de l'équipe. Ils me soignaient tous quatre comme les filles du roi soignaient Achille, dissimulant ces dix années d'aînesse comme un sexe. A vrai dire, je ne me sentais vraiment leur égal qu'au bal masqué, quand, tous cinq sous le même domino noir, nous échangions toutes les plaisanteries qu'on fait sous les tunnels, nous disions toutes les vérités qu'on dit dans l'obscurité. Mais, en plein air, j'étais parfois acculé à l'hypocrisie. J'éprouvais sans broncher pour la seconde fois des impressions premières. Hypocritement je devais marquer un temps devant des sensations que je n'éprouvais plus, devant un écrasé par exemple, car aucun d'eux n'avait vu d'accident et de mort. Tous quatre pâlirent, et moi, qui étais de ceux qui depuis les Teutons ou les Cimbres ont vu le plus de cadavres entassés, je dus regarder une minute la mort avec mes yeux de vingt ans. Je dus prononcer pour ne pas les mettre en défiance les mots épouvantable, horrible alors que je pensais en voilà un de libéré. Une plaisanterie un calembour, un sourire devant cet écrasé, et j'étais trahi. Devant les mariées aussi. Je vivais à nouveau avec des amis qui n'avaient jamais vu de mort et jamais fait l'amour. Dans ces bals, ces dancings, j'avais la jeunesse des couvents. Ils m'avaient présenté leurs amis, les amis de leurs amis, je n'avais qu'à me laisser faire pour être tissé dans une génération plus jeune. Je n'avais qu'à me mentir un peu pour éprouver à nouveau mon premier amour, pour embrasser pour la première fois, pour pousser pour la première fois sur les marches qui conduisent au Sacré-Cœur, le soir, une jeune fille amie. Ma jeunesse me retombait comme un doux rocher de Sisyphe. Les grands orages, les tournants de la Seine à Meudon me disaient Je suis ton premier orage, je suis ton premier tournant de Seine! – Entendu, répondais-je, entendu! Trompée par mon entourage, toute la nature se trompait à mon égard, et me fournissait devant les châteaux, les forêts, les charmilles, au lieu de son langage implacable connu de moi avec ses roueries et ses grâces, me fournissait des naïvetés, des balbutiements. Parfois, j'éprouvais le besoin de montrer à mes amis les quartiers que j'habitais autrefois; dans des rues usées depuis vingt ans par mon regard et mon pas, je voyais tout rajeunir autour de moi, les couleurs des devantures s'avivaient, les pieds des boutiques de moulagistes me donnaient un jeune dégoût, et j'allais moi-même plus allégrement, en saumon qui remonte son fleuve. La nuit tombait, je donnais le bras aux jeunes filles; soudain nous regardions le ciel, et je voyais une étoile, la première, je vous jure, que j'eusse regardée ainsi en face. Il se trouva que vers la même époque je rencontrais aussi un camarade de guerre qui m'attira chez lui. Mais il n'était pas non plus de mon âge. C'était mon aîné de quinze ans. Si l'égoïsme vital me poussait vers les jeunes, un attrait aussi grand me jeta dans cette génération à cheveux gris sel pour -les hommes et dorés pour les femmes. Mon camarade habitait un appartement peuplé d'objets, de livres, qui à dix ans près n'étaient pas faits, n'étaient pas écrits pour moi, et dans ce mobilier à mes yeux aussi inaliénable qu'un cercueil, il vivait un âge qu'il croyait encore libre et vivant. Ses bronzes de Rodin, ses grès de Carries, ses fleurs d'Odilon Redon me paraissaient aussi anciens que les objets des nécropoles. Du fait de ces quinze ans seulement, et bien qu'ils eussent été jeunes pour nos aînés directs, c'était une lumière d'éternité, presque de renoncement, de deuil, qui tombait des Cézanne et des Renoir. Tous les artistes, toutes les particularités d'art qui avaient ennobli la vie de mon camarade, me semblaient maintenant l'alourdir, la pétrifier. Mais d'autre part j'admirais ce quadragénaire d'être au centre même de l'existence. Tous ces nœuds qu'une existence d'homme a pour but de former ou de dénouer, il en avait le maniement. Médecin, il était à l'âge où il pouvait être le plus redoutable pour la maladie. A l'âge où ses yeux plongeaient du regard le plus vertical dans les yeux de la typhoïde, du cancer. Ce que la jeunesse appelle des biens fugitifs, -+a fortune, la maîtrise de soi, la renommée, il était justement en train de les saisir. Il était à cet âge où les hommes ont découvert la vapeur, l'électricité, et le mouvement même de l'univers. Il portait dans ses yeux, comme tous les quadragénaires, cette flamme inconnue dans les autres prunelles, et à laquelle s'enflamme à distance l'essence du monde. Je le trouvai entouré de gens dont pas un n'ignorait ce qu'est la vie, et dont tous, femmes ou hommes, s'entendaient à la fois pour faire h. maximum de besogne humaine et goûter le maximum de joies. Tous ces mots de jour, d'aube, de crépuscule, coulaient sur des êtres mûrs, gonflés par l'âge à leur densité extrême, mais les rides, la presbytie, étaient encore de jeunes rides, une jeune presbytie. Les mots de Passion, de Liaison, d'Amour, se disaient devant des femmes à poitrine pleine, qui connaissaient tous les procédés d'étreinte ou d'apaisement. Elles étaient folles de couturières, et donnaient chaque semaine leurs beaux corps à la mode comme à une armure éternelle. Chacun de ces êtres était à la fois son symbole et son secret. Je les admirais et les plaignais. Eux aussi affectaient de me croire leur contemporain, me plaçant en serre-file cette fois quand nous sortions ensemble, les femmes à leur extrême droite. Je les plaignais. Je voyais cette génération entrer dans la lutte suprême contre l'âge avec des armes de vieux modèle, avec des impressionnistes, des pastellistes de fleurs, alors que les armes percutantes cette année, et devant qui la mort n'insistait pas, étaient Derain et Picasso. L'un d'eux déclarait parfois tout haut son amour pour Sisley, par Jongkind c'était un aveu d'impuissance, c'était une provocation vaine à la mort, c'était prendre la main à la suite dans la Danse Macabre. Chacun des noms propres d'ingénieurs, de demi-mondaines, d'écrivains qu'ils prononçaient me paraissaient sur eux des étiquettes de mor- talité, des étiquettes rouges à lettres noires, tandis que les noms familiers à mes jeunes amis, y compris Van Dongen, étaient des firmans contre la mort. Mais, au milieu d'eux, sur cette mer agitée dont seul je ne courais pas les périls, d'une chair et d'une âme encore insensible à leurs maux et à leurs soucis, j'avais tous les délires d'une traversée pour eux suprême et pour moi anodine. Avec ceux-là aussi je devrais être hypocrite. J'avais à me montrer plus engourdi devant les voitures, devant les balles de tennis. Aux mots de Bronchite, de Rhumatisme, qui étaient pour mes cadets aussi inoffensifs que les mots Coryza ou Fluxion, je devais prendre l'air grave, soucieux. C'étaient les ennemis, les vainqueurs des hommes qui déjà s'annonçaient ainsi, par de petits coups à l'orteil ou aux côtes. C'était la punition, comme disent les boxeurs, qui allait en vingt ou trente ans les mettre hors du ring. C'est ainsi que pendant deux mois, n'ayant plus autour de moi mes propres années, je vécus en parasite chez la génération cadette, y buvant surnoisement la jeunesse, chez la génération aînée, y goûtant un fruit non moins défendu, et j'étais heureux, car je n'avais ni de la première l'ignorance ni de la seconde la peur. Libre à moi ds de Démocratie et de Parti démocratique. D'autres font grand biuit avec le mot Américanisme, ce grand mot solennel Dans ce que la soi-disant démocratie s'engage maintenant à faire; il y a de quoi ronger la face des générations successives du peuple, pis que la plus horrible maladie. Les autres collaborent au même acte, et se servent du grand mot Américanisme, sans en avoir encore senti l'élan, comme le grand mot Religion a été dit le plus haut et le plus souvent par des hommes qui faisaient nuitamment des massacres sans discernement et remplissaient le monde de haines, d'horreurs, d'injustices, de proscriptions, de vengeances sanglantes, de lois pénales. Aujourd'hui, il arrive à la vertu de l'Américanisme ce qui arrive bien des fois à beaucoup de vertus, savoir, ceux qui ne les possèdent et ne les comprennent pas cherchent, en leur nom, à trahir la masse qui les possède, mais ne les comprend pas. De quoi les jeunes gens se méfient-ils ? Je leur dirai ce qui lès guette, c'est la ruse américaine elle est plus subtile que la ruse italienne je gage qu'il n'y a pas sur terre de ruse plus subtile. QU'EST-CE QUE L'AVENIR RÉSERVE AUX LIBRES PAYSANS ET AUX. TRAVAILLEURS ? Il y a quelques générations, la plupart des paysans et des travailleurs comme nous étaient esclaves, serfs, privés de leur liberté par la loi ils en sont encore privés dans certaines parties du continent européen. Aujourd'hui, ceux qui sont libres ici et libres dans les Iles Britanniques et ailleurs, le sont grâce à des actes qui ont été faits, et à des hommes qui ont vécu, il y a un siècle ou plus, et quelques-uns il y a plusieurs siècles. Les hommes et les actes d'aujourd'hui décident eux aussi pour ds générations futures, comme des hommes et des actes passés ont décidé pour nous. De même que les larges et gras États de l'ouest, les parts les plus grosses et les meilleures de l'héritage des fermiers et ouvriers américains, étaient attribuées au peuple et aux ouvriers longtemps à l'avance par Jefferson, Washington et les premiers Congrès, de même un ouest beaucoup plus grand va vers son attribution. Doit-il être attribué aux travailleurs ou aux maîtres des travailleurs ? Les ouvriers futurs de l'Amérique devront-ils être esclaves ? Le travail sera-t-il abaissé, et les femmes seront-elles fouettées dans les champs pour ne pas avoir fait leur tâche ? Si l'esclavage n'est pas interdit par la loi sur tout le territoire national américain, comme il était interdit au commencement, aussi interdit, qu'il est actuellement autorisé et exigé par les contrats organiques, et si, au contraire, l'entrée et l'établissement de la main-d'œuvre esclave sont protégés dans tout le continent, on verra arriver, l'un après l'autre, des Etats à esclaves qui se joindront à l'Union pendant-les siècles à venir, on verra la surface entière du pays possédée par les grands propriétaires, dans des plantations de milliers d'hectares, où il n'y aura pas plus de place pour les races libres de fermiers et d'ouvriers qu'il n'y en a, actuellement, sous n'importe quel despotisme européen et l'existence de nos États libres d'aujourd'hui sera mise en péril parce que ce vaste territoire fournira des États qui emporteront tout par leur nombre. Ouvriers Ouvrières Ces immenses contrées de la nation américaine vous appartiennent elles vous sont confiées elles portent les germes des villes peuplées, des fermes innombrables, des troupeaux, des granges, des bosquets, des jardins dorés, et des foyers inaliénables de vos successeurs. Les matamores politiques et les journalistes subventionnés du nord soulè- vent un brouillard de prévarications autour de vous. Mais les r plus virils des désunionnistes du sud, les chefs parmi les trois cent cinquante mille maîtres, voient clairement le résultat f et son principe. Me Duffie, gouverneur désunionniste, soutient avec une hardiesse ingénue que les ouvriers d'un pays ne sont pas de sûrs dépositaires du pouvoir et des droits politiques, il soutient qu'une république ne peut exister d'une façon permanente si les gens des usines et des fermes ne sont pas esclaves, soumis par de strictes lois à leurs maîtres. Calhoun, sénateur désunionniste, dénonce et nie, à la face du monde, l'article principal du contrat organique de Ces Etats qui dit que tous les hommes naissent libres et égaux, et à ses disciples les meneurs actuels des trois cent cinquante mille maîtres, et les guides de la soi-disant démocratie, conseillers des Présidents, et organisateurs des candidatures de Buchanan et de Fillmore il lègue le mandat délibéré d'agir contre cet article principal, ce qui est la plus fausse et la plus grave des erreurs politiques. Tel est le sens dé ce mandat qui fut prononcé en l'été de la 73e année de Ces États et qui, depuis, n'a cessé d'opérer sur l'esprit de la législation du Congrès, sur l'action officielle et sur les candidats offerts au peuple par les partis politiques. LES PARTIS POLITIQUES NE SONT-ILS PAS A PEU PRÈS AU BOUT DE LEUR ROULEAU? '1 Oui, de toute évidence. L'Amérique n'est plus d'âge à avoir des partis, elle est trop grande, et eux trop petits. Ils ont l'habitude de faire cause commune tant avec le pire qu'avec le meilleur, et plutôt avec le pire. Je ne fais de confiance à aucun vieux parti, ni à aucun nouveau parti. Supposant même qu'un soit formé sous les plus nobles auspices et arrive au pouvoir avec les plus nobles intentions, combien de temps resterait-il ainsi ? Combien d'années ? Resterait-il ainsi un an ? Dès qu'il triomphe et qu'il dispose des faveurs, les hom- mes politiques abandonnant les partis vaincus, se précipitent vers lui, et il mûrit et pourrit, comme le reste. EN VERTU DE QUEL DROIT, CN PARTI POLITIQUE, QUEL QU'IL SOIT, PEUT-IL SE SERVIR DU GOUVERNEMENT 2 En vertu d'aucun droit. Ni le parti de la soi-disant démocratie, ni celui de l'abolition, ni celui de l'opposition aux étrangers, ni aucun autre parti n'a le droit de s'approprier l'usage exclusif de la Présidence, et tout jeune homme américain doit être assez sensé pour le comprendre. J'ai dit que les partis étaient morts, mais il en reste les peaux vides, les bouches putrides qui mâchonnent, criaillent et donnent le ton à ces assemblées, les politiciens qui se tiennent à l'arrière, dans l'ombre, et qui racontent des mensonges pour tromper le peuple et l'effrayer, et qui nomment des candidats comme Buchanan et Fillmore. LES PROGRAMMES DES PARTIS. LES SECTIONS. LES PROFESSIONS DE FOI Quelle présomption pour un programme, une section ou une profession de foi quelconque, de vouloir dominer les autres et gouverner l'immense diversité de Ces Etats égaux et libres Les programmes ne comptent pas. L'homme qu'il faut est tout. A la chute des partis tombent les programmes qui sont toujours à remonter, redescendre, retourner, repeindre et changer. LES PROGRAMMES AMÉRICAINS PERMANENTS Les programmes de la Présidence Je dois avouer, avant tout, que jamais je n'ai compris Sipliss pour la bonne raison que jamais je ne cherche à comprendre si ce n'est en dernière ressource. Et c'est par opposition avec Harri le Hollandais, que je comprenais, et Judas, que je comprenais, que je parviendrai mais ce n'est pas sûr à vous donner une idée de Sipliss, que je n'ai point compris. Sous ce rapport, M. Auguste est la seule personne qui eût pu le comprendre et encore, quand je repense à la délicatesse d'un être comme Sipliss, je me demande si M. Auguste était capable de descendre à de .telles profondeurs. Prenez un homme purement animal. Prenez l'invraisemblable Hollandais avec ses culottes bleu-cobalt un tas de cheveux orange collés sur le front, une longue figure rose, vingt-six ans, ayant roulé dans tous les pays du monde Chouette femme, l'Australienne. La Japonaise, y a pas plus propre au monde l'Espagnole ? bien. L'Anglaise ? ça ne vaut rien, moche on trouve partout des Allemandes, des marins norvégiens, des allumettes suédoises, des bougies hollandaises ». il avait été à Philadelphie et avait fait partie de l'équipage d'un yacht de millionnaire connaissait les usines Krupp et y avait travaillé s'était trouvé sur deux bateaux torpillés, et sur un autre qui toucha une mine alors qu'on pouvait déjà voir la côte avec le lorgnon » Presque pas de soldats en Hollande aux Indes » Les Indes Néerlandaises. Un bon coin, fait toujours chaud là-bas, j'étais dans la cavalerie si vous tuez un homme ou si vous volez 1 Extrait de The Enormous Room Boni and Liveright ed. New-York, 1922. cent francs ou n'importe quoi, en prison pour vingt-quatre heures toutes les semaines une négresse coucher avec vous parce que le gouvernement a besoin de petits blancs, chouettes femmes les négresses, n'arrêtent jamais de travailler nettoient vos ongles ou vos oreilles ou font du vent à cause de la chaleur. Personne peut battre les Allemands si le Kaiser dire à un homme de tuer ses père et mère il les tue tout de suite » le grand gars, fort, rude, jeune et plein de vie qui répétait Moi, coucher avec négresse qui fumait sa pipe la nuit. Prenez cet animal. Vous l'entendez, vous avez peur de lui, vous le sentez et vous le voyez et vous le comprenez mais vous ne le touchez pas. Ou un homme qui nous fait remercier Dieu d'avoir créé des animaux Judas, comme nous l'appelions. Un homme qui met la nuit ses moustaches sous presse au moyen d'une sorte d'écran translucide qu'un ruban maintient derrière la tête qui cultive avec des soins infinis l'ongle de ses deux petits doigts qui a deux femmes 1 et flirte avec l'une et l'autre, prudemment, habilement, sans jamais s'être attiré une seule fois des ennuis qui parle français, cause en flamand, peut s'exprimer en huit langues différentes et est à cause de cela toujours utile à M. le Surveillant Judas avec son horrible front qui brille, grêlé de petites marques avec sa pleine figure à la Reynard Judas à la douche avec son corps pâle et gras, et presque putrescent Judas avec qui je causai de la Russie, certaine nuit qu'il portait ma pélisse l'affreux et impeccable Judas. Oui, prenez cet homme. Vous le voyez, vous sentez l'odeur rance et chaude de son corps vous n'avez pas peur de lui, à dire vrai, vous le haïssez vous l'entendez et vous le comprenez. Mais vous ne le touchez pas Et maintenant, prenez Sipliss, que je vois et entends, et que je,sens, et que je Louche et que je goûte en quelque sorte, mais que je ne comprends pas. 1 Dans le camp de concentration même, au quartier des femmes, ce qui était sévèrement défendu. n. t. Prenez-le dans la molle sincérité de l'aube, se baissant avec grâce pour cueillir parmi les crachats des bouts mâchés de cigarettes. écoutez-le, toute la nuit vomissements qui s'abattent dans l'obscurité. voyez-le tout le jour et tous les jours, ramassant ses mégots détrempés et les tassant avec soin dans sa pipe ronde quand il n'en trouve pas, il fume tranquillement de petits éclats de bois. regardez-le en train de se gratter le dos contre un mur tout à fait comme un ours. ou dans la cour, ne parlant à personne, ensoleillant son âme. Il est Polonais croyons-nous. M. Auguste est très bon pour lui M. Auguste peut comprendre quelques mots de son langage et pense que ces mots-là voudraient bien être polonais qu'ils font tout leur possible pour être polonais, mais sans jamais y parvenir. Tous les autres hurlent après lui. Judas, en parlant de Sipliss, devant son nez, le traite de sale cochon. Et, furieux, M. Peters s'écrie Il ne f aut pas cracher par terre obtenant des excuses si humbles qu'on pourrait les dire abjectes les Belges crachent sur Sipliss les Hollandais se moquent de lui et le chahutent de temps à autre. Ils l'appellent Syph'lis » sur quoi l'autre les reprend d'un air de majesté offensée pas syph'lis, Sipliss ce qui fait rire tout le monde aux éclats de personne il ne peut dire Mon Ami, de personne il n'a jamais dit et ne pourra jamais dire Mon Ennemi. Quand il y a de l'ouvrage à faire, il travaille comme un nègre. le jour que nous eûmes nettoyage de chambre, par exemple, Sipliss et Le Chapeau » firent'presque tout le travail et pendant ce temps-là, B. et moi nous faisions prendre par le planton tandis que nous essayions de nous faufiler dans la cour. Chaque matin il descend le baquet aux excréments solides, sans que personne ait besoin de le lui rappeler il le descend comme si c'était son bien, et va le vider dans l'égout juste derrière la cour des f emmes, ou en verse un peu rien qu'un peu et très délicatement dans le jardin où M. le Directeur fait pousser des fleurs pour sa fille en vérité, il a pour l'excrément une espèce d'affection silencieuse il vit dedans il en est hérissé, tacheté, éclaboussé il dort dedans il en met dans sa pipe et prétend que c'est délicieux. Et il est dévot avec intensité, avec une intensité absurde, terrible, et très belle. tous les vendredis on Je trouve assis à côté de sa paillasse sur une sorte de petit tabouret, lisant son livre de prières qu'il tient la tête en bas tournant avec une délicatesse infinie les pages minces et difficiles à décoller, et se souriant à lui-même tandis qu'il regarde sans lire. Sipliss est vraiment dévot, comme l'est Garibaldi, et, je crois, comme l'est aussi le Pic-des-Bois un petit homme brun et triste, qui crache le sang je veux dire par là qu'ils vont à la messe pour la messe, alors que tous les autres y vont pour voir les femmes. Et encore, je ne sais pas au juste pourquoi s'y rend le Picdes-Bois, mais je suppose que c'est parce qu'il est sûr de mourir bientôt. Garibaldi, lui, a peur, terriblement peur. Quant à Sipliss, il y va pour s'étonner, pour s'étonner de la surprenante gentillesse et délicatesse de Dieu. Qui le fait s'agenouiller à La Ferté-Macé, sachant bien que Sipliss Lui en serait reconnaissant. Il est on ne peut plus ignorant. Il se figure que l'Amérique est là, sous certaine fenêtre à gauche quand on entre dans l'Énorme Chambre. Il ne peut concevoir un sous-marin. Il ne sait pas qu'il y a la guerre Instruit de ces choses, sa surprise est ineffable, son étonnement indicible, et il tire de cet étonnement un plaisir intense. Sa figure sale, fière, et noble, réfléchit le plaisir qu'il éprouve quand on lui apprend que des peuples sont en train d'en tuer d'autres sans que personne sache pourquoi, que des bateaux vont sous l'eau et tirent sur les navires des obus longs d'un mètre, que l'Amérique n'est vraiment pas de l'autre côté de cette fenêtre contre laquelle nous sommes en train de parler, mais qu'en réalité l'Amérique est de l'autre côté de la mer. La mer est-ce de l'eau ? c'est de l'eau, monsieur ? Ah une grande quantité d'eau d'énormes quantités deau, d'eau et d'eau encore de l'eau et de l'eau et de l'eau et de l'eau et de l'eau. Ah 1 Et on ne voit pas l'autre côté de cette eau, monsieur ? C'est étonnant, monsieur Il médite cela, en souriant doucement c'est étonnant, comme c'est étonnant, pas d'autre côté, et encore la mer. Dans laquelle nagent des poissons. Etonnant. Il est on ne peut plus curieux. Il est on ne peut plus affamé. Nous venons d'acheter un fromage avec l'argent du Zoulou. Sipliss s'approche, salue timidement et d'un air insinuant, avec les mines d'un chien mille fois battu mais encore fier. Il sourit. Mais il ne dit rien, car il est embarrassé au possible. Pour l'aider à surmonter sa gêne, nous faisons ceux qui ne le voient pas. Cela arrange un peu les choses Fromage, monsieur ? Oui, c'est du fromage. Ah- h- h- h- h- h- h. son étonnement est extrême. C'est du fromage. Il pèse ces quelques mots. Après un temps. Monsieur, c'est bon, monsieur ? a Et il pose la question comme si sa vie même dépendait de la réponse. Oui, c'est bon », lui disons-nous d'un air qui le rassure aussitôt. v – Ah-h-h. Ah-h. Le voici une fois de plus superlativement heureux. C'est bon, le f romage. Est-ce que rien pourrait être plus superbe et plus étonnant ? Après une minute environ Monsieur, monsieur, c'est cher le f romage a Très, lui répondons-nous sans mentir. Il sourit, étonné jusqu'au bonheur. Puis, avec une extrême délicatesse et la plus grande timidité concevable Monsieur, combien ça coûte, monsieur Nous le lui disons. Il en chancelle de surprise et de bonheur. Alors seulement, et comme si nous venions tout juste d'en concevoir l'idée, nous proposons d'un air détaché – En voulez-vous a Il se redresse, frémissant du haut de sa tête magnifique et sale jusqu'à ses chaussons sans semelle avec lesquels il déambule sous la pluie et par les gelées – Merci, monsieur Nous lui en coupons un morceau qu'il saisit en tremblant. Il le tient, pendant une seconde, et à peu près comme un roi tiendrait et contemplerait le plus beau et le plus gros joyau de son royaume, se tourne et nous remercie avec profusion puis disparaît. Ce qui attise le plus sa curiosité, c'est peut-être cette chose au nom aimab'ement sonore que tout le monde désire autour de lui, que tous ceux qui l'injurient, lui crachent après et le bousculent, semblent désirer d'un terrible désir. La Liberté. Chaque fois que quelqu'un s'en va, Sipliss tombe dans une extase d'excitation tranquille. Il se peut que cet homme heureux soit Fritz; pour qui Jean Le Baigneur est en train de faire une collecte comme si Fritz était hollandais et non pas danois – pour qui Jean Le Baigneur se démène, allant deci et de-là, à grandes enjambées, en secouant un chapeau dans lequel nous déposons pour Fritz des pièces de monnaie Jean Le Baigneur, aux joues d'ouistiti, qui dans ses rêves mélange le flamand, le français, l'anglais et le hollandais, qui est à La Ferté" depuis deux ans et on dit même qu'il avait refusé d'en partir, un jour que l'occasion s'était présentée, qui crie baigneur de femmes moi, et qui chaque soir se hisse dans sa couchette de bois en hurlant Gou'd naï'te » dont la plaisanterie favorite consiste à clamer Une section pou*" les femmes ce qu'il fait à l'occasion dans la cour tandis qu'il lève ses savates à semelles de carton et piétine dans la boue glaciale, tout en gloussant et en mouchant son nez dans un drapeau anglais. et à présent voici Fritz, rayonnant de joie, qui serre des mains et nous remercie tous et me dit Giaod-bye, Johnny ». Il agite son bras et le voilà parti pour toujours et derrière moi j'entends une voix timide Monsieur, Liberté P Et je réponds Oui, sentant à la fois ce Oui dans mon ventre et dans ma tête et Sipliss se tient à côté de moi, s'émerveillant avec tranquillité, heureux au possible, sans remarquer que le parti n'a point songé à lui dire au revoir. Ou bien ces hommes peuvent être Ham et Pompom qui courent à droite et à gauche dans le plus grand état d'excitation, donnant à chacun des poignées de main, et j'entends une voix derrière moi Liberté, monsieur ? Liberté ? a Je dis Non, Précigne », et me sens étrangement abattu et Sipliss reste à ma gauche, debout, contemplant le départ des deux fortes-têtes avec un intérêt désappointé Sipliss à qui personne ne prend garde en partant, que ce soit pour l'Enfer ou pour le Paradis. Une fois par semaine le chef de chambre jette un morceau de savon sur les matelas, – et j'entends une voix Monsieur, voulez pas ? Et c'est Sipliss qui nous demande notre savon pour laver du linge. Parfois, quand il a gagné quelques sous en lavant pour les autres, il se dirige d'un pas digne et tranquille vers la chaise du Boucher tous ceux qui voulaient se faire raser ayant été servis et, les yeux fermé, subit avec une expression patiente la torture du plus mauvais rasoir car Le Boucher n'est pas homme à gâter une bonne lame sur le menton de Sipliss lui, Le Boucher, comme nous l'appelons, le successeur de La Grenouille qui s'était arrangé un jour pour disparaître comme Le Barbier son prédécesseur. Le Boucher, une brute et un voleur qui se plaisait à nous vanter les villes allemandes et leurs prisons, ces prisons où il n'est pas permis de fumer, ces prisons si propres où il y a chaque jour une visite médicale, et où tous ceux qui se figurent-avoir un grief de quelque sorte ont droit d'appel immédiat et direct; lui, Le Boucher, qui est peut-être le plus heureux des hommes quand il passe une soirée à nous montrer des petits jeux de société bons pour des enfants de trois ou quatre ans et qui triomphe quand il affirme La maladie n'existe pas en France. Voulant dire par là qu'on y est en bonne santé ou bien qu'on y est mort. En encore Quand ils les Français ont un inventeur ils vous le fourrent en prison. Donc, voici Le Boucher lourdement penché sur Sipliss, tranchant et tailladant avec ardeur et insouciance, ses grosses lèvres collées et serrées, un peu omme l'entrée d'un sac, ses petits yeux de porc étincelants un tour de main et il crie Fini et le pauvre Sipliss se lève en chancelant, horriblement balafré, saignant par au moins trois estafilades de dix centimètres et par une douzaine de larges coupures il titube jusqu'à sa couche en se tenant la figure comme s'il craignait qu'elle ne soit sur le point de tomber et il se couche doucement de toute sa longueur, soupirant d'aise et de surprise, et méditant sur les inestimables délices de la propreté. Je remarquai à l'époque, et j'en fus frappé comme d'une chose d'un grand intérêt, que, dans le cas d'un certain type d'être humain, plus cruelles sont les misères qu'on lui inflige, et plus il devient cruel envers tous ceux qui ont le malheur d'être encore plus faibles et plus misérables que lui. Ou peutêtre devrais-je dire que, étant donné des circonstances suffisamment misérables, chaque être humain, ou presque, réagira de temps à autre contre des mêmes circonstances qui mutilent sa personnalité par la mutilation délibérée d'une personnalité plus faible ou déjà plus mutilée que la sienne. Cela est, j'ose dire, l'évidence même, et je ne prétends pas avoir découvert quoi que ce soit. Je ne fais au contraire qu'énoncer ce qui m'intéressa particulièrement durant mon séjour à La Ferté je fus on ne peut plus ému en constatant que parmi soixante hommes, et si occupés soient-ils à souffrir en commun, il y en a toujours un ou deux, ou trois qui savent trouver le temps nécessaire pour gratifier leurs camarades d'une petite souffrance additionnelle. En ce qui concerne Sipliss, devenir la cible des moqueries de chacun ne peut pas précisément s'appeler une souffrance. q Indiciblement seul, Sipliss trouvait un charme à toutes les injures quelles qu'elles fussent pour la simple raison qu'elles affirmaient ou du moins impliquaient que lui, Sipliss, était un être animal. Se voir tourner en ridicule devenait pour cette créature, qui sans cela se fût sentie tout à fait ignorée, une marque d'attention une chose dont on peut se réjouir , dont il est permis d'être fier. Les habitants de l'Énorme Chambre avaient confié à Sipliss un rôle, modeste mais essentiel, dans le drame de La Misère il le jouerait avec toute l'adresse dont il était capable le bonnet à grelots ne parerait pas une tête indigne de ce profond symbole. Il serait un grand Bouffon, puisque telle était sa fonction un amuseur de premier ordre, puisque son devoir était d'amuser. Après tout, les hommes dans La Misère ont droit tout comme les autres à une certaine quantité d'amusement et c'est même à ceux-là surtout que l'amusement devient indispensable notre capacité de souffrance dépend de la mesure où nous pouvons être amusés. Je suis après tout, moi, Siplissr une créature très nécessaire. Je me souviens du jour où Sipliss justifia comme un maître ses aptitudes à l'emploi de bouffon. Tandis qu'il se pavanait de long en large, tout fier, la tête au vent, mains dans les poches et pipe entre les dents, quelqu'un s'était glissé derrière lui et après plusieurs échecs navrants avait réussi à lui accrocher dans le bas de sa veste, au moyen d'une épingle, une pancarte soigneusement préparée à l'avance, et qui portait l'inscription numérique 606 en chiffres énormes. Ce haut fait accompli, le farceur s'éloigna à pas de loup. A peine uvait-il atteint sa paillasse qu'une volée de cris s'éleva des cris où toutes les nationalités s'unissaient des cris ou plutôt des huées qui firent trembler les colonnes et résonner les vitres Six cent six Syph'lis 1 Sipliss sortit de sa rêverie, retira sa pipe de ses lèvres, se redressa avec orgueil, et regardant l'un après l'autre F les quatre coins de l'Énorme Chambre tempêta et bredouilla dans son mauvais français – Pas sypiïlis Pas sypJilis i A quoi, renversé par le rire, chacun répondit à pleine voix Six cent six Enragé, Sipliss fit alors un bond vers Pite l'Ombre et fut reçu par un Fous le camp toi, sale Polak, ou je m'en vais te faire sauter pour quelque chose ceci des lèvres de Lacs d'Amérique ». Refroidi, mais plus majestueux que jamais, Sipliss essaya de reprendre à la fois sa promenade et^son calme. Le vacarme enfla Six cent six Syphilis Six cent six augmentant de volume à chaque instant. Sipliss, hors de lui, fonça sur un autre de ses compagnons de captivité un petit vieillard qui courut se réfugier sous la table et fit jaillir de partout des menaces telles que Eh là toi, putain de Polak, laisse le vieux tranquille ou tu vas te faire assommer, sur quoi il fourra ses mains dans les poches de son pantalon presque diaphane et s'éloigna, furieux, ayant littéralement l'écume aux lèvres. Six cent six criait tout le monde. Sipliss tapait du pied, fou de colère et de mortification. C'est dommage, disait doucement à côté de moi M. Auguste. C'est un bon-homme, le pauvre, il ne faut pas Vem-merd-er. Regarde-toi dans le dos hurla quelqu'un. Sipliss s'enroula sur lui-même, tout à fait comme un chat qui essaie d'attraper sa queue, et déchaîna des tonnerres de rire. On ne pourrait d'ailleurs rien imaginer de plus grotesque et de plus pitoyable à la fois, de plus drôle et de plus horrible. – Ta veste Regarde ta veste Sipliss se pencha en arrière, loucha fixement par-dessus son épaule gauche, puis par-dessus la droite, tira sur sa veste, d'abord d'une façon, et puis d'une autre faisant balancer ainsi sa queue improvisée, ce qui jeta l'Énorme Chambre dans des spasmes d'hilarité aperçut enfin un coin de l'appendice diffamateur, tira sa veste à gauche, se saisit du 606 », l'arracha, le jeta par terre, et piétina comme un fou ce chiffon de papier. II tempêtait, agitait les bras et bredouillait, en bavant plus qu'un chien enragé. Il se tourna vers le coin qui vociférait le plus bruyamment et gronda comme un dément, d'une langue épaisse – Wouwouwouwouwou. Puis à grandes enjambées il regagna sa paillasse et s'allongea et c'est dans cette position que je le surpris quelques minutes après, souriant, et même riant tout bas. très heureux. comme seul peut l'être un acteur dont les efforts ont été salués d'applaudissements unanimes. Outre son surnom de Syph'lis » il était connu aussi sous le nom de Chaude-Pisse, le Polak. S'il est quelque chose de terrifiant à propos des prisons, ou du moins des copies de prisons comme celle de La Ferté, c'est peut-être la clarté parfaite avec laquelle sans s'en rendre compte d'ailleurs, les détenus illustrent bon gré mal gré certaines lois psychologiques fondamentales. Le cas de Sipliss en est un exemple curieux tout le monde, bien entendu, redoute les maladies vénériennes en conséquence, on choisit un individu dont on. ne connaît rien de la vie intérieure, mais dont l'extérieur physique, suffisamment sale et dégoûtant, satisfait les exigences de la raison et, ayant tacitement reconnu cet individu comme un Symbole de tout ce qui est mauvais, on se met à le couvrir d'insultes et tout le monde se réjouit de sa très naturelle défaite. je verrai toujours Sipliss, à genoux, en train de ramasser religieusement la sciure d'un cratchoir que venait de renverser le talon du planton omnipotent il souriait comme il souriait à la messe quand M. le Curé lui rappelait l'existence de l'enfer. Il nous raconta un jour, de la façon suivante, la longue et volumineuse histoire d'un incident sérieux de sa vie – Monsieur, moi estropié oui, monsieur estropié –moi travailler, avec du monde,- dans maison, très haut, troi- sième, beaucoup du monde, des planches là-haut planches pas bonnes tout tremble. Ici, il commença de chanceler devant nous et de tourner sur lui-même tout tombe. tombe, tombe» tout, tous les vingt et sept hommes briques planches – -bpftagttes – tout – dix mètres. zouzouzouzouzouPOUM tout fô monde blessé. tout le monde tué, pas moi, moi blessé. oui, monsieur » – et il souriait, frottant sa tête d'un air niais. Vingt-sept hommes, des briques, des planches et des brouettes. Dix mètresv. Planches et briques. Hommes et brouettes. Une nuit, il nous raconta encore, de sa petite voix faible et pointue, qu'autrefois, en Alsace-Lorraine, il jouait du violon avec une femme dégourdie et gagnait cinquante francs par nuit c'était le bon temps » et il ajoute tranquillement – Je joue bien, je peux jouer n'importe quoi, n'importe quoi. Chose que, vraisemblablement, je ne crus guère jusqu'à certaine après-midi où un homme revint avec un harmonica qu'il avait acheté en ville, et dont il essaya de jouer et tout le monde essaya d'en jouer. C'était peut-être là l'instrument le plus humble et le moins cher qu'on puisse trouver, même dans le beau pays de France et tout le monde était dégoûté quand, vers six heures du soir, une voix se fit entendre derrière le dernier amateur une voix timide et précipitée Monsieur, monsieur, permettez ? a le dernier amateur se retourna et à son étonnement vit ChaudePisse le Polak, que bien entendu tout le monde avait oublié. L'homme jeta l'harmonica sur la table, avec un regard dédaigneux un ftegard dédaigneux et menaçant pour cet objet de l'exécration universelle et il tourna le dos. Sipliss, tremblant depuis le haut de sa tête magnifique et sale jusqu'à la plante de ses pieds nus, magnifiques et sales, couvrit délicatement et avec assurance l'harmonica de sa main qui tremblait il s'assit, d'un air délibéré et gracieux ferma les paupières sur ses cils il y avait de grosses larmes sales. et il joua. Et soudain Il posa doucement l'harmonica sur la table. Il se leva. Il alla, vite, à sa paillasse. Il ne remuait pas. Il ne parlait pas. Il ne répondait pas aux appels, à ceux qui réclamaient encore de la musique, à tous les cris de Bis » Bien joué » Allez » Vas-y » Il pleurait, doucement et discrètement pour lui-même. Doucement et discrètement, il pleurait, ne voulant ennuyer personne. espérant que les autres ne s'apercevraient pas que leur Bouffon faillissait à son rôle, Le jour suivant il était comme à l'ordinaire debout avanttout le monde, cherchant des bouts mâchés de cigarettes dans l'Énorme Chambre, sur le parquet visqueux et couvert de crachats prêt à recevoir les insultes et les brocards, les jurons et les soufflets. Alors. Un soir, quelques jours après celui où les hommes qui devaient comparaître devant la Commission eurent goûté le privilège d'être toisés par cet aréopage ineffable et sans pitié un soir très tard, juste avant l'extinction des feux, un planton inconnu entra dans l'Énorme Chambre et lut en hâte une liste de cinq noms, ajoutant Départ demain, de bonne heure, et il ferma la porte derrière lui. Sipliss, comme à l'habitude, était très intéressé, des plus intéressés. Et nous aussi car ces noms appartenaient respectivement à M. Auguste, M. Petairs, le Vagabond, Sipliss et L'Homme-Cuiller. Ils étaient jugés, tous les cinq. Ils partaient pour Précigne, tous les cinq. Ils seraient tous les cinq prisonniers pour la durée de la guerre. J'ai déjà raconté comment M. Pet-airs, assis à côté du Vagabond qui pleurait avec frénésie, s'était mis à écrire des lettres, reniflant avec son gros nez rouge, et répétant de temps en temps Sois un homme, Demestre, ne pleure pas, ça ne sert à rien de pleurer. » M. Auguste était désespéré. Nous fîmes notre possible pour le remonter ayant fait chauffer du vin rouge dans un quart en étain, nous le conviâmes à une sorte de Cène, et il but avec nous, assis sur le bord d'un de nos lits. Nous lui offrîmes quelques témoignages de notre affection et de notre amitié, y compris ̃ – je m'en souviens un énorme fromage. et alors, devant nous, tremblant d'excitation, Sipliss apparut. Nous le priâmes de s'asseoir. Les curieux il y avait toujours des curieux pour chaque fonction qui impliquait le boire et le manger, et si personnelle fût-elle se renfrognèrent et ricanèrent. Le con, Sipliss, chaude-pisse – s'assiérait avec des hommes avec des messieurs » Sipliss s'assit gracieusement et légèrement sur un de nos lits, prenant grand soin de ne pas en forcer le mécanisme quelque peu capricieux il était assis très fier droit modeste mais point intimidé. Nous lui offrîmes un quart de vin. Durant une seconde, une espèce de grimace douloureuse crispa tout son visage puis dans un murmure d'étonnement pur et indescriptible, il demanda en se penchant un peu vers nous et sans paraître imaginer le moins du monde que sa question pût obtenir une réponse affirmative Pour moi, monsieur ? a Nous lui sourîmes en disant Prenez, monsieur. Ses yeux s'ouvrirent. Je n'ai jamais vu d'yeux depuis. Il reprit posément, en avançant la main avec une délicatesse majestueuse Merci, monsieur. Avant son départ, B. lui donna des chaussettes et je lui offris une chemise de flanelle qu'il prit doucement et sans hâte, avec simplicité, et comme un Américain ne prendrait pas un million de dollars. Je ne vous oublierai pas », nous dit-il, comme si dans son pays il eût été plus qu'un très grand monarque. mais je crois comprendre où se trouve ce pays, il me semble que je le comprends moi, qui n'ai jamais compris Sipliss, je comprends cela. Il a le domaine des harmonicas, les prairies des flûtes, le champ des clarinettes, la terre des violons. Et Dieu doit dire sans doute Pourquoi vous ont-ils mis en prison ? Que leur aviez-vous fait ? Je les faisais danser et ils m'ont mis en prison. Tous ces gens noirs de suie sautaient et je les faisais pétiller comme les étincelles sur le devant de la cheminée et je gagnais quatre-vingts francs tous les dimanches, et de la bière, et du vin, et du bon manger. Maintenant. c'est fini. Et tout de suite geste de se couper en deux la tête. Et Dieu doit dire 0 toi qui permettais à la joie des hommes de se libérer par la danse, monte vers moi. Tu trouveras ici un homme, qu'on appelle le Christ, et qui aime la voix du violon. » E. E. CUMMINGS. TRADUCTION DE GEORGES DUPLAIX Edward JEtlin Cummings a 32 ans il est né à Cambridge, Massachusetts. Il fit ses études à l' Université de Harvard. Dès sa sortie de Harvard c'était la Guerre, et les Etats-Unis n'y étaient pas encore entrés, il vint en France et s'engagea dans les Ambulances où il resta six mois. A la suite d'un incident relaté dans The Enormous Room », il fut transféré dans un camp -de concentration. Il a publié, en 1922, The Enormous Room qui est le récit de sa eaptivité au Camp de concentration. Il a donné, depuis, trois volumes de poèmes. Le plus récent, paru en 1925, qui s'intitule laconiquement & », est, paraît-il, dune extrême audace. e Le prix du Dial dollars vient de lui être attribué. On sait que The Dial 'est une des meilleures revues littéraires d'Amérique et même du monde entier. On y a publié des traductions d' œuvres de Paul Valéry La Soirée avec M. Teste, trad. par Miss Barney, et la Lettre de Mme Émilie Teste, trad, par Lewis Galantière, de Jules Romains Lucienne, trad. par Waldo Frank, de Louis Aragon, Jean Cocteau, de Gourmont, d'Anatole France. Paul Morand y a donné pendant longtemps une Lettre de Paris. Le prix du Dial avait été attribué les années précédentes à Sherwood Anderson, à T. S. Eliot, à Marianne Moore qui dirige actuellement, avec Scofield Thayer, The Dial, et qui est une poétesse de grande valeur. 14 REVUE DE LA CRITIQUE NOTES LES FAUX MONNAYEURS Ce livre, il nous avait un peu déçus, aux premiers mois de sa parution il est dangereux d'être trop attendu peut-être aussi, par l'influence du roman feuilleton, un récit découpé en tranches se fait-il suivre avec trop de hâte, trop d'intérêt pour l'intrigue. Se presser, c'est justement la plus fâcheuse disposition pour aborder Les Faux Monnayeurs. ̃ Le roman, pour Gide puisque aucune de ses œuvres précédentes ne porte ce nom, ce serait une action qui n'aurait plus aucun souci des lois du temps conversations, papiers ou lettres accessoires, commentaires et réflexions, c'est une grande journée de désœuvrement que demande ce livre. André Gide semble remarquable moins par ses dons de créateur que par son art de comprendre et de juger. Il aurait pu être, et de haut. le plus grand des critiques français il a été un grand écrivain, jamais surabondant et toujours renouvelé, par une incomparable critique de soi-même. Mais souvent il veut échapper à cette perfection qui le limite. Il se débraillait déjà dans les Caves du Vatican avec le même sens aigu de la taquinerie, avec plus de richesse, il reprend la même allure dans les Faux Monnayeurs; il se dépeigne artistement, il se déboutonne tant qu'il peut il fait broussatller son talent, pour paraître plus touffu et plus riche multiplie sur son espalier les surgeons sauvages, pour dire c'est la nature, c'est la vie. Cette conception doit quelque chose aux romans anglais, à Proust, surtout à Dostoïevski. Mais on sait que l'auteur des Possédés vendait ses livres au poids, et son abondance n'est pas seulement une règle d'esthétique. La psychologie de Gide doit bien davantage encore à Dostoïevski cela devrait être étudié dans l'ensemble de son œuvre bornons-nous à en montrer, sans les discuter, les deux principes cachés l'âme est une substance, et comme un être caché dans chaque être il y a dans chaque être plusieurs profondeurs superposées qui ne communiquent pas, et les moins visibles, les plus rares, sont les plus réelles. Il faut juger Gide plus qu'un autre sur ses intentions, parce qu'il est l'artiste le plus conscient qui soit. Mais la valeur du livre est ailleurs que dans ces gros efforts qui n'ont pas entièrement réussi. Dans les personnages, et dans l'auteur, il y a un côté potache, un air Janson de Sailly qui charment le lecteur de loisir. Tous se jettent dans le compliqué avec une fraîcheur d'âme charmante André Gide les taquine, surtout les plus jeunes, comme un grand-père ferait ses petits-enfants. C'est une sorte d'apologue, qui rappelle les moralités de la Bibliothèque rose, un parallèle entre les bons pédérastes, représentés par Edouard, et les mauvais pédérastes, représentés par Passavant. Quant à la femme, c'est le péché. Ce livre où il a mis tant d'efforts a le charme des vacances,. du gratuit, de l'improvisé. Je sais bien que beaucoup de pages en particulier le Journal d'Edouard, ont une grande pénétration, un intérêt plus ferme, mais là n'est pas le ton ni le mérite essentiel des Faux Monnayeurs, et cela fait penser aux autres œuvres de Gide. M. André Gide avait peut-être voulu faire un grand livre très fort il a fait un gros livre très agréable la réussite demeure importante. Ce vaste ouvrage, moins substantiel qu'il n'en a l'air, orné de floraisons curieuses, et fermentait quelque peu dans l'esprit, ressemble à un choufleur. Quelque présomption, tant d'influences subies, des gaucheries, des enfantillages, lui donnent l'air d'une œuvre de jeunesse. Et peut-être André Gide a-t-il obtenu, là, ce qu'il a cherché. BELLA On sait avec quelle promptitude écrit Jean Giraudoux. Il est certain qu'il doit rêver beaucoup avant d'écrire. Jene pense pas qu'il rêve jamais sur l'intrigue de ses romans il y attache sans doute peu d'importance, et se donne peut-être le plaisir de l'improviser à mesure ce n' est. plus, en général, sur ses personnages, dont il aime à faire des types plutôt que des individus. Ce sont plutôt des paysages intellectuels qu'il doit former et embellir à plaisir. On a noté, chez lui, le procédé du dénombrement il était le premier qui. c'était le seul à. Je crois que le record est pour Giraudoux la forme la plus naïve et la plus moderne de l'idéal. Si un livre comme Bella rappelle quelque ancien genre littéraire, c'est sûrement le conte de fées au lieu de présenter des astrologues ou des héros, il nous enchante de savants et de politiques prodigieux. Il trace leurs portraits avec tant d'aimable fureur, avec tant d'intransigeance sur la perfection, que nous ne pensons même plus au vraisemblable, que nous sautons hors de la réalité, hors du roman même. Il y reste, seulement pour accroître le charme, un sens très vif de l'entraînement et de l'acheminement vers la perfection. Si des haines politiques devaient quelque jour l'écarter de la diplomatie, la maison de publicité serait sage, qui se l'attacherait à prix d'or pour annoncer les modes ou les produits de beauté. Connaissez-vous les réclames avant après ? le premier texte semble rédigé par Mirbeau et le second par Giraudoux. Le portrait des Dubardeau, qui ouvre le volume, fait penser à certaines pages de l'Eau de Jouvence de Renan, ou à l'essai de Valéry Introduction à la méthode de Léonard de Vinci. Ces grands spécialistes. unis tous ensemble en une grande pensée aussi vaste que la pensée humaine, composent un paysage intellectuel inoubliable. Quelquefois à l'École Normale, entre un astronome, un chimiste, un philologue, un naturaliste étendus sur le toit ou se promenant dans le parc, je forinais un rêve analogue, et Giraudoux était aussi normalien hélas, il me fallait constater presque toujours que les sciences sont avant tout des langues spéciales, et qu'elles ne se communiquent donc guère. Mais quel ravissement devant ce portrait des Dubardeau, qui nous le laisse oublier un instant. Quant au féroce portrait des Rebendart, y compris la distribution des prix déjà célèbre, je n'en peux guère parler avec justice l'intense satisfaction que j'éprouve à le relire n'est pas pure sachant que chaque fois que j'aurai des Rebendart ou leurs pareils pour me commander, je retournerai en prison, je me réjouis de cette analyse exacte, seule vengeance des mauvais esprits. Ces deux séries de portraits pourtant le cèdent encore au portrait de Fontranges. L'amour viril et pudique d'un homme pour son fils, toutes les applications intelligentes de cet amour, plus tard ses blessures cachées, sortent du monde des rêves et des fables, et rejoignent la plus forte réalité humaine. Cet idéalisme-là rappelle le portrait de Madame de Mortsauf, du Lys dans la Vallée de Balzac Fontranges est le personnage le plus individuellement vivant que Jean Giraudoux ait créé. Nous souhaitons et le caractère de l'auteur nous le laisse espérer que Fontranges n'en restera pas là. Le fragment. ou plutôt l'essai détaché de Bella que Giraudoux a donné au Navire d Argent, et qui montre 'la situation délicate d'un homme d'âge moyen, isolé par le massacre de sa génération, entre les jeunes gens et l'âge mûr, m'a paru révéler en Giraudoux des possibilités d'essayiste aussi belles que celles du romancier il m'a laissé, comme ferait le spectacle d'une coupure physique, une impression fraîche en même temps que douloureuse. Montherlant, dans les NOUVELLES Littéraires, salue en LoUIs HÉMON le précurseur de la littérature sportive, et dit de BATTLING Malone Une étude d'âme de boxeur, une étude des milieux de la boxe à Londres, et traitées par un écrivain véritable Paraissant il y a deux ans, Battling Malone eût rencontré le même succès que Maria Chapdelaine. Je ne sais si les engouements successifs qui constituent l'opinion française sont propices aujourd'hui à ce succès. Si non, voilà qui serait une amère injustice, bien étonnante de la part de notre temps; incliné plutôt à surfaire qu'à ignorer. Ce roman vif et aisé, où l'art se cache pour ne pas ralentir l'emportement de la vie, est de ceux qui sont aussi intéressants pour le grand public que pour une élite cultivée. Ce regard aigu posé sur un corps spécialisé, et cette précision pour le décrire, sont choses dont on dit d'ordinaire qu'elles sont entrées dans notre littérature depuis peu. Or, ce texte de Louis Hémon a été écrit avant 1-911. Ceci est important, je pense. Nous avons bien là avec, paraît-il, le jeune Reutlinger, n'ai rien lu le vrai précurseur de tout un mouvement dont les deux essais les plus significatifs ont été le 5000 » de Dominique Braga. » M. EDMOND JALOUX, dans le même journal, explique l' intérêt psychologique et dramatique de Vœuvre de M. Beslière DE SABLE AU CHEF d'azur II y a là un fort beau portrait psychologique, aigu, puissant, douloureux et qui va très loin dans l'étude de la personnalité. Le cas de Mme Dutrieu est d'ailleurs un cas fréquent et, sous la forme que lui donna M. Jean Beslière, et d'où toute morbidité est exclue, je ne vois pas qu'il ait été traité encore. C'est vraiment l'histoire normale d'une femme qui, n'ayant pas pu faire dériver dans une réussite extérieure le monde obscur de ses instincts, les transforme en un cauchemar affreux OPINIONS LES ROMANS qui la poursuit sans arrêt. Tout cela est dit, à la fois avec beaucoup de pénétration, de subtilité et de force, et l'art du très réel conteur qu'est M. Beslière se retrouve brusquement à la fin du livre, lorsque, par un renversement inattendu, on s'aperçoit tout d'un coup que l'acte honteux de Mme Dutrieu, qui a causé son propre suicide et le renoncement au monde de son mari épouvanté, a servi à faire d'Emmanuel un homme plus honnête et plus pur que les autres justement parce qu'ayant connu l'amour physique forf jeune et dans des conditions dont il n'a jamais compris le romanesque, il garde une fraîcheur d'âme que ses camarades ont perdue. Son portrait double ainsi et complète celui de Mme Dutrieu, et la raison d'Emmanuel est la conséquence de la folie de celle-ci. Cette conclusion à la fois sage et ironique termine fort heureusement un livre à qui je vois de grandes qualités. Mais je ne peux pas m' empêcher cependant de regretter que M. Jean Beslière, pour nous raconter une histoire si vivante, si humaine et si proche de nous, ait dérangé des personnages de 1825 et ait mêlé des réflexions sur la Quotidienne et sur la Commission des Émigrés à ce beau morceau d'analyse morale. Il est vrai aussi que tout esprit obéit à certaines nécessités impérieuses et involontaires M. Beslière a besoin sans doute d'un certain recul et d'une époque en quelque sorte historique pour nous communiquer l'état de ses réflexions.» » M. Jaloux, à propos du Silence DANS LA campagne salue une réussite dans l'art sentimental et f in de M. ESTAUNIÉ .Toute cette belle histoire dont je regrette les quatre dernières lignes qui insistent un peu trop sur une conclusion que nous venons déjà de comprendre, toute cette belle histoire, dis-je, tourne autour d'un drame central qu'on ne cesse d'appréhender et de deviner. Mais comme dans la vie, à aucun point, il ne s'est fatalement élucidé et il nous laisse une angoisse vague eh même temps qu'il nous 'entraîne aux plus subtiles méditations. C'est une des plus belles réussites de cet art si particulier et si profond qui est celui de M. Édouard Estaunié. J'aurais voulu parler également des autres nouvelles de ce volume je ne peux que citer comme les plus intéressantes Le silence dans la campagne et Pages roumaines. » LES ESSAIS M. CHAUMEIX a beaucoup admiré, dans le GAULOIS, le livre de Mme GÉRARD d'Houville sur V Enfant Il y a de tout dans ce livre, du naturel et du féerique, de l'observation et de la rêverie, du réalisme et de la dévotion. On pense à ces peintures où sont représentées avec tant de vérité simple les nativités, où tous les détails de la vie familière sont indiqués et où tout est enveloppé aussi de tant de mystère respectueux. A peine né, voici l'enfant qui ouvre les yeux sur ce monde vaste, incompréhensible, ennemi. Que de choses il lui faut découvrir et comprendre, que de choses trop grandes et trop redoutables pour lui L'auteur nous le fait voir si petit sur cette route immense, nous raconte- ses surprises, ses déceptions, ses mots, ses mélancolies. Et quand parmi beaucoup d'anecdotes charmantes et vraies, de remarques, de bons conseils aux parents et de songes, nous arrivons à la dernière page, il nous reste l'impression d'un séjour parmi un petit pcple énigmatique et précieux, qui rassemble en lui-même nos sensibilités, les plus sûrs secrets de nos destinées, et nos plus merveilleuses espérances. M. HENRI DE RÉGNIER, dans le FIGARO, f ait partager le plaisir qu' il a pris au divertissant ART d'être PAUVRE de Boni de Castellane Ce sont des souvenirs. que nous offre M. Boni de Castellane dans le volume qu'il a intitulé U Art d'être Pauvre et qui fait suite à celui où il nous apprenait comment il avait découvert l'Amérique ». La période d'existence que nous retrace l'aimable et mordant mémorialiste, et qui va de l'année 1906 jusqu'à nos jours, comme on dit dans les manuels d'histoire, pourrait s'appeler celle de son redressement financier ». M. de Castellane, en effet, nous conte comment, au lendemain d'un divorce retentissant, il passa soudain de l'opulence à son contraire et comment, au lieu de n'avoir qu'à vivre sa vie, il se trouva subitement en devoir de la gagner. Il va sans dire que M. de Castellane mit à franchir ce pas beaucoup d'énergie et de courage en y joignant une réelle ingéniosité. Amateur d'art avisé et d'un goût très sûr, M. de Castellane se résolut à tirer parti de ses connaissances en matière de curiosités et des relations que lui valait sa haute situation parisienne, mondaine et, si l'on peut dire, mondiale, pour subvenir à ses besoins. Il y parvint peu à peu largement, de sorte que s'il pratiqua l'art d'être pauvre » il ne se crut pas obligé de s'y tenir définitivement. D'ailleurs, ses opérations artistiques ne le détournèrent jamais de ses préoccupations politiques. Il en résulta un tissu de vie fort composite et fort complexe dont M. de Castellane nous expose avec bonne humeur la trame et le décor. Son livre de souvenirs abonde en portraits, en réflexions, en anecdotes fort amusantes. Celle d'un déjeuner où il avait invité Sarah Bernhardt et que la grande tragédienne finit par manquer » est d'un comique irrésistible. Ajoutons que, de cette période de lutte et de difficultés, M. de Castellane ne semble pas avoir gardé d'amertume. » M. PAUL Souday, dans le TEMPS, signale la. précision, l'utilité et l'intérêt de l'HISTOIRE DE LA Littérature de MM. BÉDIER et Hazard Or, c'est avant tout à l'intérêt documentaire qu'ont visé MM. Joseph Bédier, Paul Hazard et les collaborateurs qui ont accepté de se ranger sous leur guidon. Je n'hésite pas à les en louer. Ils ont voulu être utiles iis y ont parfaitement réussi. Cet ouvrage collectif dépasse les proportions d'un simple manuel, mais rendra plus complètement les mêmes services. Tout l'essentiel y est dates, titres d'ouvrages, bibliographie., références, biographies, analyses, exposé des questions, état actuel de la science ou de l'opiuion. C'est lorsqu'on connaît bien tout cela que l'on peut sans péril se former des avis personnels et se risquer chez les critiques systématiques ou impressionnistes. Ces deux gros volumes fournissent à l'amateur de littérature une base d'opérations solide. On y apprécie, d'un bout à l'autre, la sobriété et la modération des jugements, l'exactitude de l'information, le bons sens et la droiture, une impartialité et une objectivité à peu près irréprochables. C'est un travail profondément honnête et, pour ainsi dire, garanti. Ce grand sérieux me paraît, d'ailleurs, plus attrayant que les partis pris des fanatiques et les jongleries des tireurs de paradoxes. Les NOUVELLES Littéraires ont consacré un numéro à René BoyLESVE, qui vient de mourir. Voici sur l'ceuvre et surtout sur l'homme, une admirable page de Paul Valéry .Il était ce qu'il n'a cessé d'être élégant, mince, réservé de manières très courtoises et très exactes discret avec ironie dans une atmosphère de jugements foudroyants. La littérature ne se passe point de couronnements et d'exécutions imaginaires qui en feraient le métier le plus dramatique du monde si les paroles étaient des actes, et si le temps et le sourire n'existaient pas. Dans ces vaines tempêtes, celui qui ne dit pas grand'chose sourit à un sablier invisible. Au milieu des éclats, des débats et des écarts de langage, René Boylesve aisément silencieux gardait en soi son souci de la grâce et les secrètes certitudes de son goût. Fier de ce qu'il taisait, il adorait dans son cœur une harmonie infiniment juste, qui fut l'objet essentiel et constant de son désir. Bien des auteurs ne poursuivent que dans leurs œuvres la puissance ou la délicatesse qu'ils visent. Ils se font une vie écrite bien différente de leur vie temporelle et de ses modes. Le lecteur qui les veut connaître en personne s'expose à d'étranges surprises le dur styliste est d'âme tendre l'écrivain complexe ou profond est le plus enjoué des hommes le poète du cœur a des goûts ignobles l'ami des foules vit comme un prince, et le mystique fait ce qui lui plaît. Mais au contraire il y avait chez René Boylesve une rare et remarquableconformité entre l'être et sesouvrages; il y eut toujours entre sa personne et son art une relation évidente et simple, une sorte d' accord parfait. Ce n'est pas que notre ami ne contînt ces contrastes intimes et ces dissensions de l'âme sans lesquelles l'esprit le plus délié demeure à jamais ignorant de ses profondeurs et de ses ressources. Sur son visage s'unissaient la sagesse et la prudence un peu mélancolique à l'expression d'une rêverie voluptueuse. Mais encore c'ést l'harmonie et la justesse dont je parlais tout à l'heure qui dominaient en lui. Cet équilibre, ce tempérament peu commun des diverses manifestations d'une vie demande une singulière énergie, qui se dissimule elle-même dans la douceur et F aménité qu' elle ne manque point de produire. On n'imagine pas quelle profonde fermeté de caractère il faut pour ne pas céder à la grande crainte d'être imperceptible qui règne dans les arts. » J. P BIBLIOGRAPHIE LA LITTÉRATURE AMÉRICAINE TRADUITE EN FRANÇAIS REMARQUES ET ADDENDA On nous saura peut-être gré de signaler les traductions suivantes d'ouvrages ayant trait à l'Histoire, à la Politique, à l'Industrie, à la Pédagogie, etc. ces ouvrages étant fort représentatifs du génie américain toutes ces traductions sont de publication récente. HENRY FORD. – Ma Vie et mon Œuvre, Préf. par Victor Cambon 15 fr.. C. BERTRAND Thompson. – Le Système Taylor, Préf. par Alexandre Millerand 12 francs. – Méthodes américaines d'établissement des prix de revient en usines 12 francs. GANTT. Travail, salaires et bénéfices, trad. par A. Blandin 12 francs. CHARLES Buxton GOING. Principes d'organisation industrielle, trad. par A. Blandin 9 francs. IDA M. TARBELL. – La Règle d'or des affaires 15 francs. DAVID JAYNE BILL. – La reconstruction de l'Europe, trad. par Alaux 5 francs. La Crise de là démocratie aux États-Unis, trad. par Mme Emile Boutroux, Préf. par Emile Boutroux 5 francs. FRANCK-L. Schcell. – La question des noirs aux États-Unis, Préf. par M. Delafosse 7 fr. 50. RAY STANNARD BAKER. – Le Président Wilson et le règlement franco-allemand, éd. par Alaux 15 francs. Edward A. FILENE. – Le Problème européen et sa solution, trad. par Francis Delaisi, Préf. de Paul Painlevé 10 francs. JAMES W. GERARD. Mémoires de l'ambassadeur Gerard, 2 vol. 24 francs. LEE MERIWETHER. Journal, Préf. de M. Edouard de Billy 10 francs. HENRI MORGENTHAU. Mémoires de l'ambassadeur Morgenthau 12 francs. Vernon KELLOGG. – Mes Soirées au Grand Quartier,Préf . 4fr. James BECK. – La Guerre et l'Humanité 5 francs. Abraham FLEXNER. – La Prostitution en Europe, trad. H. Minod 10 francs. EDWARD ALSWORTH Ross. La Chine qui vient, trad. par Delhorbe 7 fr. 50. DOROTHY CANFIED FISHER. L'Éducation Montessori 9 francs. Les Enfants et les Mères, trad. par BRANDON. Petite Histoire des États-Unis 6 francs. JAMES BROWN SCOTT. Notes de James Madison sur les Débats de la Convention fédérale de 1787, trad. par A. de Lapradelle 6 fr.. On voudra bien ajouter à notre Bibliographie des numéros de décembre et janvier R. W. EMERSON. – Les Anglais, esquisse de leur caractère, trad. et intr. par Pierre Chavannes 10 francs. WOODROW WILSON. – Histoire du Peuple américain, trad. par Désiré Roustan, Préf. d'Emile Boutroux, 2 vol. 60 francs. – Discours et Messages, trad. par Désiré Roustan 15 fr.. MAX EASTMAN. – Depuis la mort de Lénine, trad. 7 fr. 50. SHERWOOD ANDERSON. – L'Homme qui devint femme, suivi d'une Vue cavalière sur la Littérature américaine par Bernard Fay 9 francs. – Winesburg-Ohio {en préparation. EUGÈNE O'Neill. – L'Empereur Jones; Le Singe velu De l'Huile; Difterent ». Ces pièces ont été traduites par M. Maurice Bourgeois et sont encore inédites. ANTHOLOGIES Anthologie des Humoristes anglais et américains du xvne s. à nos jours, par Michel Epuy. Rip, l'homme qui dormit vingt ans et autres contes d'Amérique, trad. par Eve Paul Margueritte, Notes et Préf. par Vincent O'Sullivan 8 fr. 50. Le Rire dans le brouillard, petite anthologie d'Humoristes anglais et américains, par Maurice Dekobra 8 fr. 50. Il n'existe pas, pour le moment, d'Histoire complète de la Littérature américaine celle que nous avons déjà signalée, de William P. Trent, s'arrête à MarkTwain et à Henry James. Nous pensons que cette lacune sera prochainement comblée en effet, M. Charles Cestre et Mlle B. Gagnot doivent publier prochainement une Anthologie de la Littérature américaine; M. René Lalou prépare un Panorama de la Littérature américaine M. Régis Michaud, Professeur à l'Université de Californie et auteur de remarquables travaux sur Emerson, fait actuellement en Sorbonne douze conférences sur Le Roman américain contemporain que nous espérons voir publier. Signalons encore les belles études sur la Littérature américaine d'aujourd'hui contenues dans Notre Amérique de Waldo Frank, et pour finir, l'Essai de Valéry Larbaud sur Une Renaissance de la poésie américaine » qui a paru dans La Revue de France Nos du 1er et du 15 septembre 1921. LA GAZETTE LETTRE Paris, 12 février 1926. Cher Ami, Hurrah Nous avons terminé nos traductions. Fini le Discours de Whitman, et finie la nouvelle de Me Alman 1 Nous avons bien dru un moment que nous n'arriverions pas au bout de notre tâche. Voilà deux mois que nous peinons sur le Discours. Il y avait d'abord la difficulté de le lire, car il est imprimé en caractères très petits, aussi petits que les plus petits des tableaux d'oculiste. Sylvia devait se servir d'une loupe, et, malgré cela, elle avait la vue très fatiguée elle a même souffert pendant une dizaine de jours d'une obstruction des canaux lacrymaux je crois que cela provenait moins de ses yeux que d'un état de surmenage général mais l'œil droit était assez malade et elle devait le couvrir d'un bandeau, de sorte qu'au dîner d'anniversaire de Joyce, auteur et éditeur faisaient tous deux leur petit Wotan. Elle est guérie maintenant. Outre la difficulté du déchiffrage, il y avait tous les problèmes de traduction que vous pouvez aisément imaginer. Ce discours est écrit d'une façon très familière, avec des tournures qui sont moins faites pour avoir un sens précis que pour former de belles périodes capables de toucher un audi- toire populaire à certains moments, Sylvia disait Là, il avait son monde. » Et certes, il avait dû avoir son monde, et il nous avait, nous aussi nous étions grandement émues arrivées à l'étonnant dernier paragraphe, notre émotion était telle que nous ne pouvions prononcer une parole je pensais aux discours de Tête d'or, et je me retenais de pleurer, parce que je sentais que j'aurais versé des torrents de larmes. La force, le magnétisme, l'humanité ruisselante du poète, me, secouaient comme un déchaînement orchestral. Vous me direz que les poèmes des Feuilles d'Herbe auraient pu me toucher mieux encore, mais comme vous le savez, ma connaissance de l'anglais est très imparfaite, et une traduction, même quand elle a la valeur de celle de Bazalgette, prive un poème de beaucoup de ressources. Et puis, dans le cas particulier du Discours que je traduisais avec Sylvia, j'avais cette chance vraiment extraordinaire d'avoir entre les mains les épreuves que Whitman avait imprimées lui-même et qu'il avait commencé de corriger. Un véhicule unique m'était donné, quelque chose comme un tapis enchanté qui me transportait à travers le temps et l'espace jusqu'au lieu d'éternelle communion où la vertu de Whitman continue de travailler pour les hommes. Il me semble qu'il n'est pas déraisonnable de penser, de sentir ainsi. C'est un des principes fondamentaux des religions que de croire miraculeux ce qui a touché les saints, et cela est assez logique il y a bien des corps dans la nature qui sont doués de propriétés remarquables et d'un effet continu l'électricité dure à jamais dans l'aimant et dans les organismes qui ont su faire sa conquête. Et le génie de Whitman était particulièrement électrique, par la composition de sa nature et par la force de sa volonté. Ceux qui liront le Discours verront bien les réserves de stable énergie qu'il contient qu'ils pensent à la main du poète assemblant avec patience les lettres minuscules, faisant tenir en 14 millimètres son nom Walt Whitman, auquel il voulait initier le peuple américain tout entier qu'ils es- saient d'imaginer les séries d'événements qui ont empêché ce publié et qui l'ont amené entre nos mains. J'ai écrit dernièrement à M. Jean Catel pour lui demander comment il l'avait découvert il m'a répondu qu'il l'avait acheté chez un libraire de Boston avec une liasse de coupures de journaux. Whitman gardait, paraît-il, tous les articles où il était question de lui M. Catel me dit qu'il en a vu des centaines. Sans doute, le* Discours était-il resté perdu parmi des coupures puisqu'il ne figure pas dans les Œuvres complètes. M. Catel a soigneusement compulsé les volumes à ce sujet et Sylvia, à son tour, a fait une révision. Nous avons trouvé, cependant, quelque chose qui s'y rapporte de façon assez amusante, c'est dans Collect, un article intitulé Les Origines d'une Tentative de Sécession » où Whitman confie, avec quelque détachement, qu'il s'est intéressé à la politique entre vingt et un et quarante ans. Je n'y participais pas, dit-il, mais je l'observais et je votais régulièrement. » Plus loin il rappelle, comme un temps déjà lointain, les années comprises entre 1840 et 1860 où la Convention fédérale présentait le pire spectacle qu'on eût jamais vu aux États-Unis Les membres qui la composaient étaient, pour les sept huitièmes, la plus basse sorte de braillards et de vantards, fonctionnaires, postulants, tricheurs, malfaisants, conspirateurs, assassins, hommes de paille, etc. » Vous reconnaissez là toutes les gentillesses qu'il envoyait dans son Discours à là tête des politiciens. Mais il ne fait aucune allusion à ce Discours. J'ai l'impression qu'il devait même être un peu gêné de l'avoir prononcé c'avait dû être dans sa vie comme une sorte de débauche. Il avait sûrement remué d'épais sentiments populaires qui l'avaient rempli d'une lourde ivresse, puis de confusion. Vous me direz que de tels sentiments n'étaient pas pour lui déplaire, puisqu'il passait sa vie au milieu des gens du peuple, mais justement, il voulait avant tout les éclairer, les élever, et il était trop sage pour ne pas préférerl'évolution à la révolution. En tout cas, il avait senti le danger qu'il y aurait à renouveler une pareille expérience, et combien les luttes politiques pouvaient l'éloigner à jamais des vertus du poète. Je ne crois pas qu'il puisse être ennuyé que nous ayons retrouvé et publié son Discours il ne risque plus, maintenant, d'être empoisonné par les vapeurs sulfureuses des antres du pouvoir; il peut être tranquille, d'ailleurs, nous n'en inonlerons pas les villes, Le Navire d'Argent n'est pas un quotidien à gros tirage, tant s'en faut. Mais ne pensez-vous pas que ç'aurait été grand dommage que ce texte restât inconnu, car, outre sa valeur littéraire, c'est un très précieux document sur la vie du poète. Songez qu'il a fait ce Discours en 1856, un an après avoir publié les Feuilles d'Herbe, il était alors en pleine possession de son génie et son manifeste contre les abus du temps n'a certainement pas été inutile. Moi, je n'oublierai jamais l'émotion extraordinaire qu'il m'a donnée et qui dure encore. J'étais toute plongée dans cette émotion quand j'ai rencontré l'autre soir, à un dîner du Pen Club, Louise Weiss qui m'a demandé si je voulais participer à un mouvement pour le vote des femmes bien que je ne me sois jamais occupée de féminisme, j'ai répondu oui avec enthousiasme, et ma foi, je ne m'en dédis point. La traduction de la nouvelle de Mc Almon nous a donné un tout autre genre de sport. Elle est très bonne cette nouvelle il nous a paru qu'elle formait un tableau assez complet d'une des activités les plus essentielles des EtatsUnis. – Nous avons hésité un moment à la traduire parce qu'elle est écrite souvent en argot et parce qu'elle contient certaines vérités que les Français ont l'habitude d'exprimer par des sous-entendus, non pas quand ils parlent, mais quand ils écrivent. Nous savons ce que sont les conversations d'hommes et, grâces à Fargue, nous n'ignorons rien de tout ce qui peut se dire et s'inventer inépuisablement sur le noble sujet du Sexe. Nous avons bien pensé que nous allions choquer nos lecteurs et, qu'en particulier, notre bonne amie Mme L.. nous ferait des reproches, et puis, ce sont des choses qu'on n'aime pas écrire. Mais Sylvia, après un sérieux examen de conscience, s'est écriée Eh quoi, moi éditrice d'Ulysses, j'aurais peur d'un homme quand un régiment ne me fait pas peur » Et nous nous sommes lancées bravement. Nous avons même, par excès de zèle, donné en bas de page les expressions américaines qui correspondent aux nôtres. J'espère qu'on nous en saura gré, puisque les dictionnaires ne les indiquent pas et qu'il est assez difficile de demander aux Américains des précisions là-dessus. Les Américains sont plus favorisés ceux qui viennent à Paris peuvent se faire initier par les petites femmes, mais comment voulez-vous que les Français aillent s'amuserà New York? d'abord, ça leur coûterait trop cher, et puis, il paraît qu'on ne s'y amuse pas 1 Quant à l'argot, c'est une question bien délicate en littérature, mais il joue fatalement un grand rôle chez un peuple dont la langue personnelle est en formation voyez la place qu'il occupe dans l'œuvre de William Carlos Williams qui est, pourtant, le meilleur littérateur actuel des États-Unis. Vous connaissez, sans doute, ce que Whitman a écrit sur L'Argot en Amérique » en révisant les Œuvres de prose, Sylvia a découvert cet admirable essai dont elle n'avait pas gardé souvenir. Je ne puis me retenir de vous rappeler ces lignes L'argot est une tentative de l'humanité pour échapper à la sèche littéralité des choses et pour s'exprimer d'une taçon illimitée, ce qui, aux degrés les plus élevés, produit des poètes et des poèmes. Sans doute, dans les temps préhistoriques, a-t-il débrouillé et perfectionné l'immense mêlée des mythologies primitives. L'argot est aussi la fermentation, l'éructation saine de ces processus qui sont éternellement actifs dans le langage et par lesquels l'écume et les débris sont rejetés, dont la plupart disparaissent, mais dont quelques-uns demeurent et se cristallisent. C'est très juste, n'est-ce pas? -Ce sont les expression» d'argot en voie de cristallisation que le dictionnaire qualifie de familier » ou de populaire ». Comme il serait intéressant d'avoir l'avis de Paul Valéry là-dessus. Cher Ami, c'est bien triste que vous soyez si loin et que nous ne puissions discuter à loisir toutes ces questions. J'espère que vous trouverez le temps de m'écrire longuement. Adrienne MONNIER. Je viens de recevoir une lettre de Valery Larbaud. Je me permets d'en détacher les passages suivants Je ne suis pas encore sorti de Lisbonne, que j'ai visitée avec soin, et où j'ai même eu, mardi dernier, le spectacle, qui n'était pas sur le programme, le spectacle extra, d'une petite révolution avec bombardement. Je travaillais au son du canon qui faisait trembler ma porte et mes fenêtres. Je ne parvenais pas à me figurer que j'étais en danger. Comme on dit Pluie d'été. il me semble qu'on peut dire Révolution portugaise ne tue pas. Le chef des insurgés était un astronome. Je me limite à vous donner des nouvelles qui concernent nos écrivains préférés et le Navire d'Argent. On ne les lit guère, ni les uns, ni l'autre. Le malaise politique, l'instabilité sociale font que les gens de l'élite se préoccupent surtout de questions de morale, de haute politique théorique, de gouvarnement, etc. Ils sont d'action portugaise, si on peut dire, et on voit beaucoup Maurras, Valois, Massis, Maritain,. aux devantures des libraires qui vendent, m'a dit un libraire, autant de livres français que de livres portugais. Je n'ai vu Le Navire'd'Argent nulle part dans Lisbonne, mais, imaginez ma surprise, en feuilletant une revue récemment lancée, un magazine dans le genre de l'Illustration française, ou plus exactement du Blanco y Negro espagnol Ilustraçao, j'ai trouvé une reproduction très exacte, à la réserve de quelques fautes d'inattention ou d'impression, une copie de la dernière partie de la Bibliographie de la Littérature anglaise traduite en français, telle que l'a publiée le Navire d'Argent. Une note renvoyait le lecteur, pour le commencement de cette bibliographie, au n° 1 de Ilustraçao .1er janvier 1926. Je me suis procuré ce numéro et j'y ai trouvé une autre tranche de la Bibliographie parue dans lé Navire le premier auteur mentionné était Meredith. Une note préliminaire disait que cette Bibliographie était offerte aux lecteurs portugais qui ne connaissent pas l'anglais, et qui certainement en sauraient gré à Ilustraçao. Du Navire d'Argent, pas un mot. Je vous envoie ces deux numéros, 1 et III, de Ilustraçao vous verrez qu'il n'y a pas de doute possible quant à l'origine de cette Bibliographie c'est une copie la traduction de Ulysses par Valéry Larbaud et Augusto Morel y est indiquée avec la mention Em preparaçao. Cela prouve que le Navire d'Argent a trouvé l'embouchure du Tage, et que l'utilité de sa Bibliographie anglaise a été immédiatement reconnue. C'est très flatteur pour lui. Quant à l'absence de toute indication de source, – rappelez-vous les maximes de l'auteur du Traité de l'Amour du Mépris de soi-même Il mérite que son ouvrage, s'il a du succès, soit attribué à un autre il mérite d'être traité de plagiaire par ceux-là mêmes qui le plagient, etc. » 1 Au moment de mettre sous presse, je reçois encore une 1 carte de Valery Larbaud. 'J'écrirai, dit-il, dès que je serai remis de l'orgie de sympathie dont voici le document. – Le document, c'est le Menu d'un Banquet offert à Lisbonne le 22 Ao grande escritor francês Valery Larbaud ». Et voici le MENU Escalope de veau Nouvelle Revue Française. Dindonneau rôti Amants, heureux amants. Rouge, Blanc, Porto et Champagne. ÏABIS. OC. eKNÉH. U'IMPB. ET D'ÉDIT., 71, RUE Dt tlENNIS, IjaS Consommé Fermina Marquez. Filet de sole A. O. Barnabooth. Orelheira â Portuguesa. Gâteaux Navire d'Argent. La Gérante A. POTAGE POISSON BNTRÉES LÉGUME Chou-fleur. SALADE ENTREMETS Glace Commerce. ROTI VINS SOMMAIRE JEAN PRÉVOST. Les Instituteurs 235 RAINER MARIA RILKE. Trois ébauches cle Portraits. 242 Traduction par Maurice Bet z. R. FERNANDEZ. Diverses manières de se connaître. 248 MARCELLE AUCLAIR. Oscillations 260 RAMON GOMEZ DE LA SERNA. – Cinélandia. 265 Traduction par Marcelle Auclàir. ANTOINE DE SAINT EXUPÉRY. L'Aviateur 278 BLAISE CENDRARS. Le Principe de L'UtiLité. 288 REVUE DE LA CRITIQUE NOTES de JEAN PRÉVOST sur Georges Duhamel La Pierre Nous sommes co-propriétaires d'un vaste empire souterrain qui s'enfonce en forme de coin jusques au centre de la terre. La même boue originelle, la table commune, le lit, ces souvenirs sont les liens de notre amitié fraternelle. 7 Mes frères ? que ce mot amer a peine-à sortir de ma bouche, et combien mon cœur me reproche la puberté de cet amour. Moi qui ne rencontre personne aux rendez-vous que je me donne qui m'entends condamner à mort par le regard de mes amis je ne sais pas comprendre encore par quel miraculeux détour un homme aux abois, âme vide, en son corps ancien ressuscite,. Pourtant, me voici parmi vous, avec vous prêt à me commettre. Je suis devenu l'un des vôtres, tant vous m'avez roué de coups. Vous exigez que je vous tende cette main dont je -me déchire. Vous revendiquez l'accolade que je me refusai d'abord. -Frères, vos misérables règles sont lès armes d'âmes jalouses. Dans vos lois et dans vos oracles, j'entends l'appel détresse. Je ne veux pas avec emphase me soustraire au commun service. Je ne veux pas être ce dieu qui conspire au dedans de moi. Je viens combattre dans vos rangs, et non plus contre des chimères. Mais permettrez-vpus que je meure au poste que je choisirai ? 8 Prodigue des voix de l'espèce, prodigue du sang de la race, chacun, dans son vacarme, explose. pour son meurtre chacun s'engraisse. Ce n'est que civils et soldats et criminels et magistrats, paix couardes, guerres pouacres, bref, cacophonie et massacres. Mais moi, parmi ce hôurvari et ces poussières de bazar, je tends l'oreille vers le cri des maigres bêtes du désert. Il est d'usage qu'entre esclaves on échange des invectives. Mais tel qui déserte, souvent, ailleurs assure la défense. Vers mon authentique devoir condamné pour toujours à fuir, j'exécuterai la sentence, gravissant, rature à rature, les degrés des mots qui s'annulent, jusqu'au seuil de cela dans moi qui veut adhérer, et se taire, et survivre, pour que sa loi s'accomplisse enfin sur la terre. Je m'engage à ne prononcer que de très humaines paroles. Puisse-je trouver des accents qu'accueillent vos oreilles d'hommes Afin qu'un jour, nous retournant du haut de la pente insensible, nous apercevions, tous ensemble, nos frontières derrière nous. Que je ne reparte pas seul sur le chemin de mon exil. Janvier 1926; 1' ROBERT CHËRADE. CIRQUE PETITE ECUYÈRE A ma Sœur. Rose, un voile rose, elle y vole, Fleur péril de l'air, Sur fond muet de spectateurs, On en meurt. Le cheval de sa peau vêtu comme d'un gant Vole. Cheval beige, cheval nu, Le pied claque sur son flanc. L'air sent le sable. Des seins de neige naissants. Chair prodigue- dans le vide, Epure éperdue, Un petit cœur nu d'enfant Si périssable! 1 CLOUNE ETOILE Cloune, étoile de mer, De ton costume vert où la lumière coule, De ta face nue, De ton pas fictif, De ton haut ramage, Cueille mille visages sages Et quand tu les tiens sous ta main, Soudain Jette la bombe de ta farce Et que mille rires éclatent 1 GYMNASTE AERIEN Pathétique au commandement, La musique joue en silence. Peau d'âne roule. Se développe lentement, Grandit, s'en fle, s'ouvre, s'achève L'exploit d'un corps trop bien à l'aise Dans l'embûche de ses spirales. Applaudir au coup de cymbales, Voilà l' travail! HAUTE ECOLE Sous les flots crus d'une trompette Que ta robe havane brise, Coursier, au doux col de caprice, Voici que d'un pied qui diverge Tu brodes ton dessin mouvant En marge du cercle prudent Où ta fantaisie reste prise. ECUYÈRE VOLTIGE Tombée du ciel de papier Que tes appas roses crèvent, Pièce montée, tu rejoins Le bel œil de porcelaine De ta jument pommelée Aux grâces demi-mondaines. CLOUNE Une lèvre, un nuage, un œuf, Désir de l'œil qu'il volera. Ame ingénue à fleurie, Il aimerait faire du bleuffe. Il les avale par mé garde. Son bras s'envole 1 Pour lui courir après laisse tomber son cœur. C'est une farce, II va. Sous les bravos pluie en éclats De sa précaire faim de joie Ce n'est pas pour ce soir encore L'enterrement de sa douleur. TRIPLE SA UT DANS 1ÏAIR Qui vole, une flamme, où est-elle p Volute dans mon œil mais abolie déjà, Les pieds dans le front, Ce doux flanc joblong, Météore, agate, Eclair qui roule jailli du sol De rien nais-tu subit miracle! HALa Halo bleu, un blond corps y tremble Pendu dans l'air. Point d'or, unique chair qui tisses L'angoisse nue de ces regards, Il n'y a que toi qui vives 1 La salle dans la nuit conspire. v Suffit un choc et turf écrases Tu es couchée dans ma bouche. D'une architecture d'acier Saigne cette musique fade. Les hommes n'oublient pas que tu es une femme. ADRIEN COPPERIE. TRADUIT DES FLEURS VIOLETTE Violette, fleur archevêque, Améthyste des futaies, Comme pour, au seuil des temples, Baiser le feu des anneaux, Qui veut mériter ton ciel Il lui faut s'agenouiller. J'ai trouvé dans les forêts L'apaisement des églises. A la'porte de la ville Un soir de fin février La nuit buvait les lumières A quatre pas de leur source. La bise affilait des lames Aux angles des places vides Et l'on marchait comme au cœur Rude des géométries. Mais à la porte d'un bar Quelques bouquets de violettes, Morceau de ciel importé, Secours jeté dans les brumes, Sauvaient de mourir d'ennui Cette ville sans azur. MENTHE La robustesse du pays Griait dans le dessin forcené de ses côtes Qui là-haut séparaient le ciel en deux morceaux. Les collines portaient par an Les fenils de quinze villages Et mille muids d'un vin puissant > A faire chanter les dimanches Jusqu'au milieu de Les hommes étaient des géants Qui allaient lentement sur terre Parce qu'en allongeant le pas Ils eussent fait le tour du monde avant deux ans. Les chiens n'arrêtaient de japper Que pour lécher aux mains les enfants étrangers. Dans les prés bataillaient des tribus végétales Quï ne se distinguaient qu'à la teinte des fleurs. Des buissons limitaient la fournaise des vignes Et les ceps se tordaient sur la braise des pierres. Un été cuisait au centre De cet univers massit f Si brûlant qu'Une restait Dans cette cuve éclatante Qu'un peu d'eau bleue, et qui,tremblait. Des joncs la tamisaient et semblaient la défendre. Un hirsute bouquet lui rassemblait de l'ombre. Et les taureaux buvaient à longs traits attentifs Cette onde simple et-douce où macéraient des herbes, Et qui était légère, et qui sentait la menthe, Et dont l'odeur calmait la peau comme une brise. HENRI DALBY. TROIS POÈMES COMPARAISONS '̃̃̃̃̃̃ l Tes formes nues, hautes à franchir, s* étendent Des montagnes, devant une auto, sous un beau ciel. JJn névé convexe, la hanche; un brin de pic sur le sein La falaise du cou et la route des clavicules., Un brouillard subtil flotte à l'aisselle des vallées, Et les pentes robustes of frent leur glèbe au labour. '̃' U Ainsi qu'un troupeau de larges bêtes approche, Poitrails et garrots, croupes et cornes, mu fles, meuglements A'nsi, ton geste, ion rire, tes pieds torts, Vont on ne sait où, martelant sous eux. L'air se décante Les sabots fendus, terribles, ont marqué la terre. LA CHARTREUSE Rien que les cellules nues, les murs de chaux, grabat et table, Et l'atelier en bas l'établi, l'étau, la varlope. Le nu pour l'âme, le rugueux pour les mains, Et, pour la vue, orbites vidées, les arcades. L'eau qui glissa dàns les bassins, décantée, Laisse voir la poussière, les feuilles mortes, à travers un vide Soif et silence plein la bouche et les oreilles. {étrange. Voilà ce que j'ai connu dans le haut cloître solitaire Et désormais, autour de moi, la V ille énorme Ne sera plus que pauvreté, odeur, de mort, Plus que poussière et feuilles mortes au fond du jour. Que le silence m'y lézarde comme une foudre l' Silence du cecur, mutité de toutes choses. Je scierai les jours patiemment. Je raboterai les semaines. Mais, quand tu reparaîtras, quels clairons étranges Dissoudront les murs, quelle plaie d'en haut entré mes côtes! Quatre anges, en vérité, élèveront vers la lumière Mes membres oubliés au-dessous .de l'éternité. PROPRIETE A Adrienne Monnier. Encore la grande verdeur verte, bondissant Du ciel les bras des arbres en sont pleins. Pas une ride à ma face, La brise sur mon cteur ne retrouve pas une année, La terre est vraie, l'eau lavée, le ciel nu. Pourtant, des branches d'hiver dans-les taillis mordraient encore Et les cataractes de la durée gon flent des nuages. La dernière forêt que j'ai vue, lourde de neige, Ecumait, immobilement recourbée Sur une maison fumante, gréée de rires, de cris d'en f ants, La net qu'au globe je dirige à la fois pilote et soutier, Commandant responsable au fisc et tout galonné d'hypothèques. Mais çà et là, des toits lointains, couleur de lèvre, Perçaient la tempête blanche comme des dauphins. Or, aujourd'hui, voici le foisonnement, le vert jeune. Lé monde est à moi. 0 mes hommes, O mes femmes, tous mes enfants tous moi-même, Riez, dansez dans l'Univers je l'ai acheté 1 Je le possède tout entier et n'ai rien d'autre. LUC DURTAIN. ETAPES I Le vide que la seule présence de l'homme remplit est-il plus désolé que le désert ? Souvent j'ai pressé contre moi l'énigme vivante qui se taisait, et quelle réponse apportent à la nuit .les râles secrets du plaisir ? Les moyens ne manquent pas de précision et f entre dans ce corps haletant comme- la hache dont f rémissent les plus hautes cimes. Au seuil de l'exil cette voix, entre l'âme et la chair, cet appel et cette f rénésie. Que rejoindrai- je au delà de ces bonds successifs, au bord de quelles étendues me rejettera la plus longue vague Ha J'ai voulu savoir par les détours les plus obscurs jusqu'où se poursuivrait ce déchirement.. J'ai cherché comment se détacherait le mieux de moi cet autre qui rit jusqu'au sang, et me secoue et me possède, et me remplit des hurlements de sa joie. J'ai tenté entre lui et moi de glisser les laideurs chaudes et les excréments. Je me suis livré avec lui aux filles des deux villes mortes. Je l'ai conduit, titubant, au dernier cercle des caravanes campées, sous la tente des chameliers ivres. Dédoublement de moi-même, arrachement de cette proie, délivrance qui me rejette en, arrière dans la solitude dont Von ne sort pas j'ai cru au moins que cet abandon pourrait être à moi sans partage. r Mais dans le jour subit qui glace d'un seul jet tout l'espace dans ce réveil à genoux, parmi tant de corps prostrés, ce désir morne et infatigable rampe et s' étire dé' au fond de moi. Il renaît de chacune de mes défaites, il refo le de mon souffle et de mon sang çet être en moi qui s' abattra ce soir sur ces dépouilles trompeuses, dans nos cris un instant confondus. J'accepterai ses mensonges, il se fera contre moi le complice de l'insaisissable. C'est lui que je poursuivrai de ma haine et de ma déception jusque dans les plus secrètes convulsions du plaisir. Mes ruses pour le décevoir ou pour le terrasser, il s'en jouera comme d'une f umée, et dans la possession même de cette femme, est-ce autre chose que lui que fètreins ? P II Une cime au delà des monts, dans l'air du soir, blanche, puis rosé, puis bleue. Une pensée à la cime de mon âme, un instant, puis s'évanouit. Fraîcheur, lenteur des souffles qui descendent des montagnes et du ciel, qui se glissent entre les branches sans qu'une feuille bouge. Les étoiles, une à une, et'milliers par milliers, sortent des pro f ondeurs du silence. Colline par colline, la terre s'éloigne et se perd dans l'ombre le désert autour du jardin s'enveloppe de douceur et de nuit. Halte dans le voyage, abandon de mon corps à lui-même. Soumission de mes membres à leur poids. Je laisse comme une onde qui reflue mes pensées revenir sur elles-mêmes, revenir jusqu'à moi et m'emporter un peu. J'accepte de subir tout ce que je vois; j'accepte ces arbres, ces étoiles, ces pierres et l'espace surnaturel. J'accepte d'être moi sans savoir qui je suis, sans savoir dans cette minute même où je commence ni où je m'achève. Esprit délié de la connaissance, cœur dégagé des passions, l'assiste au rythme de mon souffle comme aux révolutions des planètes, et ce cœur qui bat m'est aussi insoumis que cette lune qui monte. A r écréme limite de ce détachement, il y eut,"çe soir-là, la notion d'un ravissement possible, quelque chose qui était tout entière dans ce caillou que ma main serrait, dans cette absence soudaine à ce monde encore trop sensible et dans cette f uite vertigineuse, loin de moi, de cet insaisissable mot-même J Dispersion plus complète que le sommeil, l'âme disjointe en mille trombes, et sa poussière mêlée à toutes les poussières. HENRI HQPPENOT LES NOSTALGIQUES I Au bois, je me promène. Je vais où va mon cœur. J'entends qu'il plaint sa peine Et parle à sa douleur. Au bois je me promène. Mon cœur va s'écoutent. Je te connais à peine Et déjà souffre tant. Mon cœur en malencombre Raffine les soucis Et songe à deux yeux sombres, Longs sous deux longs sourcils A deux lèvres très souples, D'où chaque mot bondit En limiers qu'on découple A ton col arrondi Aux cheveux bruns qui fondent Les tons et les reflets Et cachent; sous leurs ondes, L'oreille au juste ourlet A la grâce qui penche Ton profil calmé et fin Et comme elles sont franches Tes deux fluettes mains Et comme tu es sainte Et sage et simple aussi y Et qu'un peu de ma plainte Est que tu es ainsi. II Le ciel est gris-perle Sur le fleuve à plat. Ilya,parlà, Quelque part, un merle. Il pleut. Pas très fort. Il tombe une goutte. Une autre est en route. On l'attend encor. L'attente est profonde. Tout semble aux écoutes II manque une goutte Au bonheur du monde. If Et pour qu'on l'accueille Au bout du chemin, L'homme tend la main Et l'arbre une feuille. ÉLIEMARCUSE. DEUX POÈMES MISERERE L'âme irait à sa perte, A la perte des pentes, Aux pentes vers la mer L'âme irait s'endormir. L'amour ferait semblant, Semblant à sa naissance De mourir de ses feux Sans renaître des cendres. La vie serait plus bas, Plus bassement ourdie, Sans atours ni soleil, Roulée 'en sa misère. Misère à mort es-tu. Tué l'homme et son cœur, Voici la flamme hagarde Et le rire des eaux. ASTAROTH Par deux miroirs qui se font face Je me multiplie et m'efface. Un cortège de moi semble en de longs portiques Attendre avec émoi l'ouverture de portes. Si je lève le bras, une foule salue, Et ma dernière image est la plus courtisane, Ombre courbée et sans figure. Apparais, maître redouté, Viens fracasser de ton silence Les plus secrètes de mes chambres II Comme la magicienne antique Qui tenait les dieux par ses rites, Je te force dans ces miroirs, Vois, je te flatte d'épouvante, Et je te donne pour escorte, Pressée en files régulières, La légion revenue des guerres Qui ne nous est plus qu'ornement î ADRIENNE MONNIER, DAPHNIS ET CHLOÉ FRAGMENT. a O blonds jours de l'églogue où l'amoureux Daphnis Parmi les grappes nues, les œufs, le lait caillé, Te portait, ô Chloé, son cœur dans un panier. Que ne suis-je flûteau Je baiserais ses lèvres, Répondait un soupir au fin gardeur de chèvres Je vois ses joues enjouées sourire à ses pipeaux, Aussi doux que son chant est le grain de sa peau Parmi les vents discords son souffle me rassure, A tous les mots qu'il dit mon cœur bat la mesure. 6 secret entre nous comme un fruit partagé Qui fonds sur notre langue, harmonieuse gorgée, De notre double amour gonflant l'unique aveu Nous n'aurions sur ce jonc qu'une bouche à nous deux. DAPHNIS. O Diane, d'un mortel votre biche aurait faim l -Ah viens goûter mon cœur dans le creux de ces mains. .Sept fois je plonge, amis, en l'eau bleue qui te baigne Sans que de mon ardeur'la flamme ailée s'éteigne. Comme en Neptune enfouis deux tritons se confondent Nos pieds étincelants noueraient leur joie sous l'onde. CHLOÉ. Sur ton sein sécherait le mien, tremblant ramier. Qui fait verser mes pleurs peut seul les essuyer. DAPHNIS. Tes bras, ton cou, ta voix éveillent des caresses, Tout ton corps, ivre vase, embaume de promesses. CHLOÉ. O brune abeille éblouie que délecte une fleur Tu boirais de mes flancs la profonde chaleur. Daphnis. Leur cire a retenu les parfums du printemps Ou bien brûle en secret, Chloé, ton propre encens ?. .Convoitise embrasée, fais mûrir le beau fruit Qui de nous jaillira, délices, cette nuit. CHLOÉ. O rêve, à le saisir mon âme qui s'essaye Envie d'être ton lit, ton souffle, ton sommeil. DAPHNIS. Nos désirs, clairs phénix, se riront de la Parque, Eros tendra pour nous plus d'un nerf à son arc AGNEL PORTAIL. Extrait du Cantique ombragé, à paraître. DERRIÈRE LE SILENCE Le soir, ses lentes paupières, Comme un oiseau près de mourir. Qui lui jeta la grave pierre Par où coule déjà la nuit a Les racines dans la terre s Sentent s'accroître le péril. L'âme oublieuse de la chair S'alarme et gagne son zénith. On se regarde, on s'ignore, On croit saisir une main, C'est déjà le lendemain On se penche sur l'aurore. Ces tours prélèvent du ciel Pour la claire voix des cloches Et le répandent de proche En proche et de loin en loin. Iront-elles jusqu'à vous O morte dessous ta terre Et votre âme saura-t-elle Encor se mettre à genoux. Vous étiez si nonchalante Dans vos robes de jadis Belle cendre endolorie Sous le lourd rideau de marbre Qui vous façonne la nuit. Autour de moi les murs aux sévères épaules Ont chargé, déchargé des tombereaux de nuit. Mes mains ne pourront pas se défaire de l'ombre Qui roule sur mon lit. Le jour se lève sur le port Entraînant le monde à sa suite. Rendez-moi lès quais de l'aurore i Je suis resté vivant dans la glu de la nuit. JULES SUPERVIELLE. DÉSIR DE POÉSIE Valéry suppose, dans son avant-propos à Connaissance de la Déesse, que le domaine poétique attendait autrefois à toutes les tendances et à toutes les pensées humaines, et que ce domaine peu a peu s'est xesserré, la science, la philosophie, l'histoire agrandissant leur place, jusqu'à restreindre enfin les poètes à la matière de la poésie pure. Peut-être cette régression s'est-elle faite surtout dans nos esprits la poésie garde dans son domaine toute l'étendue de notre esprit et de nôtre cœur, mais l'attitude de l'esprit qui ferait jaillir la poésie ou souhaiterait y boire se fait chez nous de plus en plus rare et ne dure plus qu'un moment. L'état poétique, je parie que la plupart de nos contemporains ne l'ont traversé qu'un instant – entre l'adolescence et la première maturité, entre le vert et le violet du crépuscule, entre le dernier rêve et la première pensée du matin, entre l'arrivée à la villégiature et l'ouverture de leur malle, entre le désir d'une femme et sa possession. Et cet état transitoire, moins d'hommes encore souhaitent lui donner une réalité ou une perfection ceux mêmes qui cherchent à ennoblir le vague à Vâme ne cherchent qu'une poésie brève. Ceux qui tiennent à la poésie avant tout doivent renoncer violemment à tout le reste, à la vie quotidienne, à la connaissance, à la raison. Tour d'ivoire, abstention parnassienne, Poésie maudite, toutes ces attitudes si différentes, hostiles même l'une à l' autre, sont nées pourtant du même désir de la poésie avant tout, ont abouti à Lautréamont et au Surréalisme. Mais ce serait là le divorce entre la poésie et toute espèce dé public. Qui ne veut pas plus renoncer à la poésie^ qu'à rien autre de l'homme, et recherché la poésie comme une part indispensable de l'unité de l'esprit, où s'adressera-t-il désormais ? La poésie de ces révoltés ne serait pas seulement opposée à tout le reste de sa pensée, elle manque aussi d'éléments essentiels à toute poésie, de rythme et d'unité. Cette sorte d'amputation, on la sent irrémédiable et .cruelle. Ailleurs, ma lecture est toujours active. Lecteur, si humble que je sors .devant les grandes œuvres, je reste concurrent. Tout tend chez moi à l'analyse de plus en plus subtile, au système de mieux en mieux lié. Je suis heureux de sentir un manque dans l'oeuvre d'autrui ,ou dans la nature une chose dans laquelle les œuvres manquent encore. L'absence sentie dans ma lecture, je l'appelle espérance. Oublieux des autres lecteurs, de la marche de la vérité en soi, je suis sûr, devant un sujet vierge, sinon de ma découverte, du moins de mon plaisir, et devant l'œuvre d'autrui je souhaite de rester insatisfait. Mais devant la poésie, où nulle ambition, nul désir ne me pousse, je me remets à autrui tout entier, je souhaite louer, aimer, admirer, n'avoir qu'à suivre une œuvre souveraine. Un état obscur, une part de moi consciente mais négligée, me ` fait courir la campagne je souhaite que ce trouble trop vif, qui va jusqu'à m'étouffer, m'apaise, et dure cependant, soit entretenu et réglé. Une poésie amoureuse et même libertine, et même indécente, adoucira plutôt le désir qu'elle ne l'aggravera, Saura en tous cas l'ennoblir, y faire consentir ou se refuser tout moimême. Et si ce désir est irréalisable ou refusé, la poésie peut lui donner de s'accomplir dans la pensée plus harmonieusement que dans la nature. Un poème, même réaliste, idéalise toute chose. Et quand les recherches particulières vous agacent de leurs Imperfections, quand les idées générales se soulèvent et retombent avec balourdise, la poésie peut en mimer aussi l'impossible triomphe, nous contenter de fantômes. Le rythme du inonde, les allures de la vie, que nous avons dû renoncer à comprendre, elle les imite à nos yeux, et le mieux chez les poètes qui pensent le moins, mieux chez Homère que chez le prodigieux Lucrèce, mieux chez Hugo que chez Vigny. La fraîcheur, même du mystère, la Poésie nous la procure en d'obscurs symboles, et ce mystère plaît, l'impatience de l'inconnu se calme nous imaginons éncore penser, et nous ne pensons plus qu'images toute la recherche se tourne vers l'expression, et nous accepterions le mot du Poète pur S'il y avait un mystère du monde, il tiendrait dans un premier Paris du Figaro ». Au cours de nos lectures, la patiente justesse des analyses souvent nous lasse, les recherches nous déçoivent par leur réussite où il n'entre rien d'imprévu. Le désir de poésie se présente alors comme le besoin d'un état plus imparfait, mais plus riche et plus neuf des espérances confuses rappellent, dans cette méditation poétique, que les poètes prophétisaient autrefois. Folie sans doute, que de troubler l'eau avare au pêcheur, où nul poisson n'était visible sous prétexte qu'invisible dans l'eau troublé, il peut du moins être présent folie que de préférer l'intuition vague à l'ignorance raisonnée. Mais quoi, la patience infinie de la recherche nous aura tout juste fait avancer de quelques pas l'étendue qui nous est interdite, la sur'voler en rêve nous console. Et de la poésie est ;sortie quelquefois l'idée neuve. Sans remonter aux prophéties de Lucrèce, si nous retrouvions les projets de Kepler. -1 La métaphysique a lâché tout espoir de nous offrir une perspective du mo/nde les derniers qui l'aient tenté ont abrité leur impuissance sous des mots arides et faits de négations. La poésie pourrait-elle nous présenter une synthèse plus intense, et qui se passerait de vérité ? Hugo a écrit le Satyre. La poésie classique, plus facilement qu'une autre, nous fait sortir de nous-mêmes. En dehors même du génie d'un poète, suffit qu'il soit ancien et d'un siècle à prestige pour nous tirer avec lui dans le passé. Ronsard nous charme un peu par cette vie sans mécanismes, par cette surabondance de nature qu'il nous reste à regretter aujourd'hui Regardant vers Montmartre et les champs d'alentour ». Hélas Elle nous ramène aussi à l'enfance, mais ce n'est pas, comn»? on pourrait le croire, la plus, ancienne qui paraît toujours la plus puérile. Les poètes du siècle dernier me semblent bien plus enfants que leurs prédécesseurs c'est qu'ils caressaient pour la première fois les rêves ou les illusions sur Dieu, la Nature et l'Amour, dont nous sommes les mieux revenus aujourd'hui. La naïveté des Méditations, des Nuits, de Jocelyn, de V Espoir en Dieu, ne le cède en puérilité qu'aux bouderies d'Alfred de Vigny. Hugo a paru le plus menacé, mais il n'a réellement souffert que des anthologies. classiques et des plaisanteries de café. Quels atouts, que cinquante années de travail et de génie. Sa pensée a nourri tant de naïvetés successives, qu'elle égale en ampleur et en diversité tout l'univers des apparences. Ceux qui s'en moquent ne l'ont pas lu, et ceux qui le lisent sans cesse peuvent toujours y revenir pour de nouvelles découvertes. Quant à Baudelaire, il s'est exploité soi-même et le fonds romantique avec toute la sagacité clas-,sique Il contient en ce moment tout notre esprit, nos goûts et nos peines, la folie et l'ennui de son siècle avec la justesse du siècle de Racine par la surface de sa renommée, par sa présence en nous, son conseil, il est le plus véritablement classique de nos poètes, en même temps que notre livre, de piété, notre Internelle Désolation. Le poète contemporain ne nous oblige à aucun voyage, à aucun effort pour sortir de nous-mêmes. Le classique, si vivant qu'il reste, sa voix nous parvient par-dessus la tête de plusieurs générations il nous charme, mais c'est eux qu'en chantant il regardait. Le contemporain est tout près de nous et en nous quelle que soit sa nature propre, il nous paraît plus personnel, il dégage et annonce à l'avenir une part de notre âme qui sans lui restait muette et emprisonnée. Mais aujourd'hui, il semble presque impossible aux poètes d'exprimer des sentiments* normaux dans une forme régulière. Les rythmes, les images et les mots sont usés. Nous accepterions qu'ils ne diffèrent de leurs anciens que par des nuances; pourvu que ces nuances soient les nôtres, mais eux, qui ne sont pas seulement les successeurs, mais les concurrents de leurs anciens, se contraignent à rechercher, même loin de nous, des voies nouvelles. La force de Claudel a -rompu tous les rythmes, et sa parole ne suit plus que les lois de son souffle sa poésie se règle sur son âme au lieu de régler son âme et la nôtre c'est pourquoi sa poésie ne lui suffisait pas, et la foi catholique était nécessaire à sa consolation, à sa majesté, à son regard aussi sur le monde et les hommes. Je crois l'Otage plus puissant et aussi solide contre les siècles qu'aucune tragédie de Racine, et certains de ses cantiques égaux aux plus belles poésies de toutes les langues mais comme il a aimé unir sa force au vouloir de Dieu et aux puissances de la Nature, il ne cherche pas l'intimité avec nous ou avec lui-même il est le Père, mais le Père auquel on dit vous. Valéry à surmonté la même difficulté, tantôt en évitant le sentiment normal, en incorporant de fortes pensées en des sentiments nouveaux et rares, tantôt en évitant d'être un poète contemporain. Tantôt il se rattache à Mallarmé, tantôt son application souple et sa sonorité perlée le placent auprès de La Fontaine tantôt il sembla avoir réalisé les rêves de Chénier, la pensée païenne et moderne de V Hermès avec plus dé subtilité et de souplesse. Ses plus beaux poèmes ne peuvent séidater inhumains par là peut-être une pensée qui accepte un- destin périssable, de périr avec son auteur, de faire partie de ce tout qui va sous terre et rentre dans le jeu nous touche de plus près – plus bas peut-être, moins purement, – que ces œuvres sorties du jeu et entrées, dès leur naissance, dans l'éternité. La robustesse presque trop masculine et l'ampleur superbe de Romains sont disciplinés par la rigueur du rythme cette rigueur est sans doute moindre que celle des classiques et jamais la forme ne commandé la suite et l'allure de la pensée, mais dans sa phrase toujours consciente d'elfemême les émotions et les sentiments 'qu'il nous communique sentent l'abri d'une solidité. Un sentiment voulu, mais très ample, de soi et des ensembles humains, laisse peu dé place chez lui aux, tendresses et aux amitiés particulières. Il m'a semblé que lorsqu'il s'adressait aux hommes il était orateur plutôt que poète peut-être je dominais mal l'habitude d'entendre l'effort et l'espoir actif exprimés par des orateurs, tandis que les rêves ou les souvenirs sont les ressources coutumières du poète pour s'échapper du présent. J'ai quelquefois rêvé d'un monde qui serait né de notre civilisation bruyante, de nos machines et de nos villes, mais d'où ee bruit et ces villes auraient eux-mêmes disparu, comme se défont les échafaudages autour du monument accompli des maisons isolées parmi des parcs et des jardins, des routes luisantes et glissantes pour des véhicules silencieux l'énergie du vent et de la mer distribuée partout, et recréant le travail isolé, des pensées mieux choisies se transmettraient par l'éther plus de fumées. Ce rêve n'est-il que romanesque l'espérance et le conseil de cette vie, ou son illusion tout au moins, ne sont-ils pas poésie ? Je veux croire que quelque poète prophète, qu'un purificateur de l'Occident s'est réfugié au sommet d'un phare, et qu'en regardant le grand rayon balayer la mer,- il nous choisit notre avenir dans le meilleur de nous-mêmes. D'autres désirs de poésie me sont venus la nuit, à la haute marée, les vagues se croisent par le travers et se mélangent on n'aperçoit que ce qui saute, puis l'embrun pleut. L'eau massive geint lourdement contre la pente, et s'enfuit avec un frémissement clair. Les poètes peuvent me troubler ou me charmer de ce spectacle, mais je sens sourdement, et voudrais qu'on m'en dise la vérité calme et sereine cette mer rage docilement, sa fureur inerte vient d'ailleurs, et qui le sentirait du fond du cœur même en se noyant se rirait d'elle. Ou regardons mieux elle ne prête que le dos au vent, au soleil et "à la lune de faibles ondes vibrent et se croisent sous l'eau calme, et croisent leurs imperceptibles reflets qui remontent du fond. Le poète qui nous donnerait ce calme et cette consolation, je crois l'avoir entrevu possible 'dans le 27 prélude du Faust de Goethe, dans la conclusion du Centaure de Maurice de Guérin il serait à la poésie ce que Jean-Sébastien Bach est à la musique, et pourrait, oubliant cette planète et son pauvre soleil, assister à la dérive des constellations. D'autres désirs encore, plus familiers nous ne pouvons soutenir sans répit l'effort de la vie moderne aux moments de fatigue et de relâche, notre lime, lourdement assoupie comme dans un lit défait, ne souhaite que le tiède et le noir, toutes les saveurs sont amères les soucis qu'on a écartés tatillonnent comme un graillon de téléphone détachés de la chaîne de nos souvenirs, inconnus ou trop proches, nos Lares et nos Larves nous assiègent l'âme bégaie, et cherche une douceur à travers un rythme sourd. Cette bouderie et ces pénombres de la vie, Fargue en est le poète accompli le plus heureux des modernes aussi pour exprimer la tendresse et l'amitié particulière. Mais à côté de ce qu'il exprime, j'ai senti à ces heures- là et souhaité de voir exprimer autre chose mieux encore des curiosités sans but, des outils familiers détournés de leur usage une loupe, je ne l'emploie ni pour découvrir ni pour observer, mais pour contempler ce que je pourrais voir à l'œil nu avec une émotion différente un insecte, un œil, une dent, objet subitement précieux et monstrueux que la loupe entoure d'un arc-en-ciel de lumière et de rêves. Ou, quand le monde -me fatigue pour un instant, je souhaite qu'un radioscope me montre, devant moi, mon crâne et mon squelette. Quelques poètes ont bien senti qu'il y avait là des merveilles, mais ils en sont restés à un étonnement enfantin, ils ont décrit l'objet, au lieu que c'était nous-mêmes et notre émotion qu'il fallait décrire. J'ai quelquefois aussi regretté que les amitiés particulières soient toujours trop tendrement décrites par les poètes. Notre génération est la dernière peut-être où la pédérastie n'est pas obligatoire profitons de oe bref moment, où l'amitié peut exister encore, et où elle a plus de prix que jamais. Je n'aime guère les hommes dans leur ensemble. Il faut tout faire, et peut-être mourir, pour les droits et lés libertés des hommes, parce qu'il faut aimer et servir non pas l'ensemble, mais lès possibilités de tel ou tel inconnu que trop d'obstacles étouffent encore aujourd'hui. Il faut aimer ceux que l'on a choisis. Dans le mélange informe des races, des cultures, des déformations et dès goûts, l'un des plus grands bonheurs est de trouver un compagnon. Et nous n'avons plus de poètes pour le dire. Ceux qui parlent le mieux de l'amitié, un Duhamel" par exemple, en parlent à l'intérieur d'eux- mêmes, et monologuent toujours. Faut-il remonter par delà l'Elégie aux Nymphes de Vaux, jusqu'à l'épopée barbare, pour trouver la réserve et la vigueur de ces dialogues virils, cette aisance et cette sécurité à vivre que donne l'amitié sans détours ? Nos poètes sont trop chrétiens ou trop femmes, et pour ceux qui ne peuvent être leurs propres poètes, des sentiments joyeux et robustes leur restent sur le cœur, ou meurent inavoués. Qui va naître ? a JEAN PRÉVOST. II ne semble pas que V œuvre admirable de Colette, LA Fin de Chéri, ait été mise par la presse à sa véritable place parmi les plus beaux romans français. C'est peut-être que Colette a tant d'aisance dans l'allure, qu'il faut deux ou trois lectures pour sentir la richesse de l'œuvre. M. Jaloux, dans les NOUVELLES Littéraires, analyse le caractère du héros .II ne cherche pas de laissés-pour-compte de l'illusion, ni d'ersatz du rêve; ce qu'il veut, c'est avoir des renseignements sur la jeunesse de Léa, il veut essayer de la revoir telle qu'elle était, au temps où il la connaissait et. surtout au temps où il ne la connaissait pas encore. Et pendant de longues heures obscures, devant des photographies de sa maîtresse, autour du café et de la drogue inutiles, il se fait raconter le passé de Léa. Et quand la Copine part, quand il ne trouve plus cet asile familier où il pouvait cuver sa mauvaise ivresse et essayer de ranimer ses souvenirs, il ne peut plus exister. Il a vécu de Léa, puis du fantôme de Léa, maintenant il ne peut-plus vivre du tout et il se tue. Toute cettedernière partie du livre de Mme Colette est absolument admirable, tout se passe dans une demi-ombre, tout se fait à demi-mots et la profondeur dô cette détresse, nous apparaît dans un brouillard, avec une magnifique et cruelle lucidité. Peut-être Mme Colette n' a-t-elle rien écrit de plus beau, de plus intense et de plus tragique que ces dernières pages. Mais il faut ajouter cependant que, pour en arriver là, il y en a beaucoup de vaines et de vagues, où l'on ne retrouve que sa virtuosité habituelle. La Fin de Chéri, dans un sens. est un chef-d'œuvre, mais sur les 250 pages qui REVUE DE LA CRITIQUE OPINIONS composent La Fin de Chéri, ce chef-d'œuvre n'en contient qu'une centaine. » Peut-étre la scandaleuse lacune de deux chapitres dont la faute retombe sur les éditeurs est-élle en partie cause de la sensation d'incomplet éprouvée par quelques- ôritiqms devant cet ouvrage. M. ANDRÉ BILLY, dans Z'Œuvre, rapproche du cas de CHÉRI celui de f Alberte, de Pierre Benoit Nous avons vu dans Çhéri un homme de trente ans se tuer parce qu'il ne peut se guérir d'avoir aimé une vieille femme. Nous voyons dans Alberte un homme de trente-quatre ans assassiner une jeune fille de vingt-deux ans, sa fiancée, parce qu'il aime la mère. Celle-ci est arrêtée comme complice. C'est de sa prison qu'elle écrit pour son avocat le mémoire justificatif que nous fait lire Pierre Benoît. Nous avons lu souvent des pseudo-confessions de ce genre, et le procédé est si peu nouveau que je le croyais définitivement abandonné, mais le talent de Pierre Benoît, sans le rajeunir précisément, lui a rendu une sorte de fraîcheur. Alberte nous propose donc le monstrueux exemple d'une mère moralement complice, par amour et par quel tardif amour – de l'assassin de sa fille, assassin qu'elle dénonce par vengeance le jour où elle se voit dédaignée de lui. Et cette femme est une bourgeoise provinciale à qui, comme dit ma concierge, on donnerait le Bon Dieu sans confession. C'est la vie, ajouterait-elle philosophiquement, et je ne la contredirais certes pas sur ce point. C'est la vie, en effet. Mais la vie, dans Alberte; s'envelopppe de mille préparations et ornements romanesques qui lui, donnent quelque chose de convenu. Le récit, en outre, présente des longueurs. Benoît, çà et là, s'attarde, et je ne jure pas qu'il ne le fait point de propos délibéré, sûr qu'il est de son charme et de son action irrésistible sur les lecteurs les plus sceptiques. M. EDMOND JALOUX revient sur la richesse et l'ampleur des POSSÉDÉS, dont la traduction complète vient de paraître aux Editions Bossard Si les Mémoires écrits dans un souterrain sont une des œuvres les plus immédiatement accessibles de Dostoïevsky, les Possédés sont peutêtre la plus complexe, mais peut-être aussi la plus grande ou tout au moins celle où Dostoïevsky est allé le plus loin dans sa propre pensée. Ils sont moins complets et moins vastes que les Frères Kamarazoff, moins humains et moins émouvants que l'Idiot, mais ils représentent, dans la géographie de notre auteur, son point extrême, ses Colonnes d'Hercule au delà, la vie s'arrête, la pensée ne peut plus fonctionner, l'homme vaincu par lui-même s'asphyxie et meurt. Il y à dans les Possédés deux grands romans, qui pourraient avoir chacun sa marche particulière et qui sont noués l'un à l'autre. Il y a aussi autour de ces grands romans, tout un- grouillement de personnages épisodiques, d'incidents de second plan, d'événements de moindre importance,-dont la masse est si compacte, dont le grouillement est si inexplicable, qu'ils cachent les deux actions centrales que l'on ne voi^ se dérouler que peu à peu avec une mystérieuse majesté et qui ne, se révèlent absolument que lorsque la dernière page du livre est fermée. Alors soudain, cet énorme roman tragique, traversé d'ombres et de lueurs crépusculaires, qui semblait se mouvoir dans un cauchemar, cette œuvre qui semblait cahotée, bizarre, incertaine, s'éclaire brusquement et on en voit s'étaler toute la vaste perspective. Je me souviens qu'un critique contemporain louait un jour le roman d'un jeune écrivain français, influencé par Dostoïevsky, d'avoir pu le faire en revenant au modèle dç la composition française. Mais le roman du jeune écrivain français avait deux personnages et il n'avait qu'une action. Pour ma part, la composition des Possédés m'étonne plus et me paraît plus admirable que la plupart des livres qui paraissent bien composés, car rien n'est plus, aisé que de bien composer en éliminant à peu près tout et en racontant une histoire dépouillée de ses personnages secondaires et ramenée h un caractère d'épuré rien n'est plus difficile que de maintenir des lois d'une composition véritable à travers un pareil enchevêtrement de personnages vivants et de faits réels et de dégager d'une apparence de brouillard un dessin architectural d'une telle ampleur. » Il touche -quelques mots aussi du caractère moderne de la CONFESSION DE STAVROGUINE Tout ce que la psychologie la plus nouvelle a découvert en Europe depuis trente ou quarante ans est contenu dans cette lettre de Stavroguine En réalité, Stavroguine est l'Hamlet du monde moderne, mais c'est un Hamlet plus grand que l'autre puisqu'il ne dépend pas des circonstances. Hamlet n'a été Hamlet que parce que lui a été imposé soudain un destin auquel il ne pouvait pas faire tête mais aucun destin n'a été imposé à Stavroguine dans quelques circonstances sociales, dans quelque milieu qu'il parût, il aurait porté en lui cet épouvantable malheur de ne pouvoir s'adapter à la vie, non, je le répète, par impuissance, non par incompréhension., mais parce qu'il n'a jamais pu croire que la vie fût assez sérieuse pour qu'on prît violemment son parti d'un côté ou de l'autre. La pensée de Stavroguine n'est pas absolument différente de celle de tous les philosophes qui ont épilogué sur la nature humaine mais ces philosophes sont restés dans leur cabinet de travail et ne se sont pas mêlés aux hommes, ou s'ils s'y sont mêlés, ils ont choisi un devoir, une règle quelconque et l'ont suivi aveuglément. » M. André Thérive, dans Z'Opinion, loue la technique et l'intérêt des Dames DE Boisbrulon de- François Fosca '̃̃'̃ M. François Fosca ne pèche assurément point par maladresse. On sait que ce peintre excellent, ce critique d'art plein d'érudition et de goût., est aussi un lettré comme on n'en voit plus guère. Son premier roman, Monsieur Quatorze, était même si malin, si intrigué qu'il paraissait vaguement une dérision du roman d'aventures, un peu comme l'opérette est une dérision de la tragédie. Et François Fosca l'a certainement voulu ainsi il est homme d'esprit. Aussi peut-on être sûr que les Dames de Boisbrulon n'ont que les défauts qu'il leur a donnés ou laissés par caprice. A mon avis, ce sont ceux mêmes quej'imputais plus haut à certaines œuvres de Balzac. Cela n'empêche que l'histoire ne soit très attachante, et le livre un des plus intéressants de la saison. » M. Albert Thiba-jdet, dans ^'Europe NOUVELLE, explique la trans- position tentée par MAc Orlan dans son dernier roman Marguerite de la nuit transpose à Montmartre l'aventure de Faust, les histoires de cession d'âme pour une seconde jeunesse, de papiers signés avec du sang. Faust est un vieux professeur de collège, Méphisto, un petit marchand de cocaïne, Marguerite, une poule qui trouve dans Faust rajeuni un gigolo aimé. Le papier qui sert au diable de bon pour une âme est un de ces titres au porteur cessibles par endos, dont le parlement va nous gratifier. Voyant, que son amant en est fort ennuyé, Marguerite lui donne cette preuve d'amour de l'endosser et de substituer son âme à celle de Faust chez l'agent de change infernal. Mais elle ne tient pas à le garder, elle cherche à le refiler à- son vieux or, les vieux de Montmartre ne marchent pas, ou bien n'ont pas souci de rajeunir. Marguerite se décide à aller chercher en Amérique le vieux providentiel. Comme si, en matière d'Américains de ce genre, Paris n'offrait pas toutes les ressources nécessaires Cela, c'est moi qui le dis, mais l'ingrat Faust, joyeux de la voir partir, se garde bien de le lui rappeler. » M. Pierre Lœwel, dans f Avenir^ parle ont aidé k votre travail, elles ne souffrent pas la plus légère restriction, le moindre sourire; On est sûr alors de tomber par quelque côté dans l'artificiel et le faux. Le lecteur sent que cette perfection continue n'est pas du domaine de la réalité et qu'elle spécule un peu sur les cases disponibles de son crâne. Il existe deux manières d'éviter ce danger ce sont la psychologie et l'ironie. Les Tharaud les ont employées ici, mais surtout la seconde. Et quand je dis l'ironie, entendons-nous bien. Il y a deux sortes d'?onie, l'une qui est une forme de l'amertume et l'autre qui est une forme de la sympathie. La seconde se rapproche fort de l'humour, et il va de soi que c'est d'elle qu'usent les Tharaud. Le personnage de Péguy, par ce qu'il a de simple, de naïf, de passionné, de paysan, de génial, s'y prête Le bon Péguy, le cher Péguy, fut par bien des côtés un illusionniste. Toute biographie d'illusionniste ne prendra figure vivante que dans un bain d'humour. » BIBLIOGRAPHIE LA LITTÉRATURE ALLEMANDE TRADUITE EN FRANÇAIS II L'IMITATION FRANÇAISE 1618-1740 DU COMMENCEMENT DE LA GUERRE DE TRENTE ANS A L'AVÈNEMENT DE Frédéric II. Christophe DE Grimmelshausen 1625-1676. – La Vagabonde courage, trad. par M. Golleville, 1925 10 francs. – Les Aventures de Simplicius Simplicissimus, Trad. et Préf. par M. Colleviïle, 1926, 2 vol. 12 francs le vol.. LE CLASSICISME De l'avènement DE Frédéric II 1740 A LA FIN DU xviïi* s. Gellert 1715-1769. – Fables et contes, trad., 1750 – trad. par {Boulanger de Rivery, 1754 par Mme de Stevens, 1776. – Extraits de ses œuvres, trad. par Toussaint, 2 vol., 1768..̃"̃ – Hymnes et odes sacrées, trad. par El. 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Frédéric Gottlieb Klopstock 1724-1803. – La Messiade, trad. par d'Anteimy, Junker, etc.. Chants I-X, 2 vol., 1769 – trad. par L,-Fr. Petit-Pierre, 4 vol., 1795 •– par la Baronne Thérèse de Kurzrock, 3 vol., 1801 – par Mme de Carlowitz, avec une Notice sur l'Auteur, 1840 {éd. actuelle 7 fr. 50. – La Mort d'Adam, trad. par l'Abbé Roman, 1762 – par l'Abbé de Saint-Ener, 1770 – imité par Villemain d'Abancourt Almanach des Enfants pour 1787/ – par Mme de Gènlis Théâtre à l'usage des jeunes personnes 1779. – La Bataille d'Hermann, bardit, trad. par Cramer, 1799. – Odes choisies, trad. et notes par C, Diez, 1861. – Odes et Elégies, trad., intr. et notes par Léon Jeanneret Pontarlier, 1882. Salomon Gessner 1730-1788. – La Mort d'Abel, trad. par Huber et Turgot, 1761imité en vers, par Gaiïlon, 1809; – trad- par Leblée'~ 1810; – par P. C, 1811 – par Boucharlat, 1812; – trad. suivie d'un choix de-ses autres Œuvres, par 'Alexandre Aubert, 1853. – Le Premier Livre des Idylles, trad. par Huber et Turgot, 1762. – Daphnis et Le premier Navigateur, trad. par Huber et Turgot, 1764. – Les Pastorales, trad. par Huber et Turgot, 1766. – Contes moraux et Nouvelles Idylles, trad. par Meister, 1773.^ – Œuvres complètes, trad. par Huber, 5 vol., 1768; – N"e éd. pub. par Ch. Renouard, 4 vol., an VII 1799. – Idylles et Poésies champêtres, trad. par H. Boulard, 2 vol., 1800. – Lettres de la famille de Gessner, trad. par Mme de Steck, Strasbourg, an XI 1803. – Idylles, trad. en vers par M. Delacroix, 1846, LAVATER Suisse 1741-1801. – La Physiognomonie, trad. par H. Bacharach, préc. d'une Notice par F. Bertiault, 1845. – Journal d'un observateur de soi-même, trad. 1853. 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Éditions actuelles Discours de la Métaphysique, intr. et notes par Lestienne 2 fr. 80. Opuscules et Fragments inédits, pub. par L. Couturat 35 francs. ° Nouveaux essais sur l'Entendement humain, éd. Flammarion 5 francs. Sur Leibnitz – La Philosophie de Leibnitz, par Bertrand Russell, trad. par J. Kay, Préf. par Lévy-Bruhl, 1905 5 fr. 25. Leibnitz, par C. Piat, 1915 25 francs. La Logique de Leibnitz, par L. Couturat, 1901 16 fr. 80. Leibnitz et l'organisation religieuse de la terre, par Jean Baruzi, 1907 16 fr. 80. Leibnitz historien, par L. Daville, 1909 16 fr. 80. L'Espace et le Temps chez Leibnitz et chez Kant, par E. Van Biema, 190S 8 fr. 40. La Pensée moderne, De Luther à Leibnitz, par Joseph Fabre, 1908 11 fr. 20. EMMANUEL KANT 1724-1804. Projet de paix perpétuelle, an IV 1796. La Philosophie de Kant, par Ch. de Villers, 1801. – De la Métaphysique de Kant, par Destutt de Tracy, 1802. Essai sur le sentiment du beau, trad. par Veyland, 1823. 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Pacaud et Tremesaygues 28 francs. – La Religion dans les limites de la raison, éd. Tremesaygues 7 francs. –-Traité de. Pédagogie, trad. Jules Barni 5 francs. – Critique de la Raison pure, éd. Flammarion, 2 vol. 10 francs les 2 vol.. – Écrits politiques, pùb. par A. Aulard 5 francs. Sur Kant – Critique de la Doctrine de Kant, par Ch. Renouvier 12 fr. 50. – Coûts d'Emile Boutroux Revue des Cours et Confé'ternes, 1895^96. – L'Idée ou critique du Kantisme, par C. Piat 8 fr. 40. Kant, par Théodore Ruyssen. ̃– Le Moralisme de Kant et l'amaralisme contemporain, par Alfred fouillée 10 fr. ,50. – Kant, par René Gillouin 6 francs. Hertjer 1744-1803, – Idées sur la Philosophie de l'Histoire de l'Humanité,trad. et Intr. par Edgar Quin et, 3 vol., 1827. – Les Feuilles de palmier, contes orientaux avec LieBeskirid, trad. par Kauffmann, 3 vol., 1833; – trad. par Truenthai, 1836. – Histoire de la Poésie des Hébreux, trad. et Notice par la Baronne A. de Carlowitz, 1845. – Philosophie de 'l'Histoire de l'Humanité, trad. par Emile Taudel, 3 vol., 1861-1863. JEAN DE Muller 1752-1809. – Histoire des -Suisses, trad. par N.. Boileau et A. La* baume, et continuée par Mallet, 12 vol., 1794-1803. – Histoire Universelle, ouvrage posthume, trad. Hess, 4, vol., 1814-1817. – Lettres à Ch. de Bonstetten, trad. par Mme de Steck, Zurich, 1810 et 1812 – par Mme Brun, 1810. JEAN Wolfgang GOETHE 1749-1832.. – Clavijo, Goetz de Berliching, trad. par Fréedel et Bonneville Nouveau Théâtre allemand, 12 vol., 1782. – Les Souffrances du jeune Werther ou. Werther, trad. par De Seckendorff, 1776 – par Deywerdun, 1776; – par Aubry, ou plutôt le Cte de Schmettau Les Passions du jeune Werther, 2 vol., 1777 trad. anonyme, an Vin 180O; –trad. par L,-C. de Salse, 2 vol. 1800 – par À. Dejaure, 2 vol., 1801 – par A. de La Bédoyère, 1804 et 1809 par Sévelingés, an XII 1804 par A. Stapfer Œuvres dramatiques 1825 – par X. Marmier, 1829 trad., suivie de celle de,Hermann et Dorothée, avec une Étude, par Pierre Leroux, Préf. de X. Marmier, 1839 – Nlle éd. de la trad. de Werther, seul, par Pierre Leroux, avec une Préface de George Sand, illustrations par Tony Johannot, 1852 – trad. par Louis Enault, 1855 trad. par N. Fournier, avec une Étude sur'Gœthe par Henri Heine, 1865 – trad. par d'Aubry, 1879 ;,– trad. par Sevelinges 1804, suivie de celle de Hermann et Dorothée par Bitaubé 1800, complétées par Ernest Grégoire, avec une Préface de Sainte-Beuve, 1880 – trad. par Mme Bachellery, 1886 – trad. avec celle d'Hermann et Dorothée, par Maurice Gérard, 1908; trad. avec Notice et Notes par Gauthier, 1921. ̃ "̃ Éditions actuelles – Trad. par Mme Bachellery 7 fr. 50. ̃ – Trad. par N. Fournier 3 fr. 50. – Trad. par Pierre Leroux avec Hermann et Dorothée 7 fr. 50. – Trad. par Sevelinges avec Hermann et Dorothée 5 fr, 75. – Trad. avec Faust et Hermann et Dorothée éd. Flammarion 4 fr. 50. – Poésies diverses de Gœthe et de Schiller, trad. dans Le Spectateur du Nord, 1800 dans Le Mercure de France, an XII 1804 et 1813 – dans Le Mercure. étranger, 1914 et1815. ̃ r. -̃ – Hermann et Dorothée, trad. par Bitaubé, 1800; – trad. par A. Stapfer Œuvres dramatiques 1825 – par X. Marmier, 1829 – par N. Fouïmier, avec une Étude, par Henri Blaze de- Bury, sur Goathe et la Csse Stolberg, 1864; – trad. par avec texte allemand en regard, 1866; '–, trad. en vers pas Edmond Delinge, 1872 – trad. par V. Mainfroy, 1874 – trad. en vers par Gabriel Colmet, Vi878; – trad. par Léon Boré, 1886; – trad. par Léonard Belney, 1898 – par Julien Goujon, avec Préf. de Paul Deschanel, 1911 – trad. avec notice et notes par J. Rohmer, 1922. Éditions actuelles – Trad. par N. Fournier 3 fr. 50.. ̃–Trad. par Bitaubé avec Werther 5 fr. 75. – Trad. par X. Marmier avec Werther 7 fr. 50. – Mémoires, trad. par Aubert de Vitry, 1823 –par H. Richelet, 1844; – par la'Baronne A. de Carlowitz, 2 vol., 1855 éd. actuelle 7 fr. 50 le vol.. r– Œuvre? dramatiques, trad. par A. Stapfer, 4 vol., 1825 éd. actuelle en 2 vol. à 7 fr. 50 le vol.. ° ̃ – Faust, trad. par A. Stapfer dans le tome I V des Œuvres dramatiques, 1825 trad. par Gérard de Nerval, 1828 – avec Le Second Faust, 1840 trad. par X. Marmier dans le Théâtre, 1839 -trad. avec Étude par Henri Blaze, 1840 – trad. en vers avec Étude, par Alphonse de Léspin, 1840 – trad. par le Prince A. de Polignac, Préface d'Arsène Houssaye, 1859 – trad. par J. Porchat dans les Œuvres complètes, 1860- 1863 ̃; – adapté à la scène par P. Ristehuber, 1861 – trad. en vers par A. Poupart de Wilde, 1863 – trad., avec une Notice, sur l'Auteur et l'Analyse du Jugement de Mme de Staël sur l'ouvrage, Avignon, 1863 – trad., 1868 – trad. en vers par S. Mâzière, Mont-de-Marsàn, 1872 – trad. par H. Bacharaek, Préface d'Alex. Dumas fils, 1873 – trad. en vers par Alexandre Laya, 1873 – trad. en vers par Marc Monnier, 1875 – trad. par A. -Maussenet, 1878 – trad. en vers par Augustin Daniel, 1881 – trad. par Georges Gross, 1881 – trad. en vers La Tragédie du Dr. Faust, par A. de Riedmatten, 1881 trad par Camille Benoît, Préface d'Anatole France, 1891 – trad. dans le mètre de l'original par François Sabatier, 1893; – trad. métrique par George Pradez, avec texte allemand en regard, 1895 – trad. par Suzanne Paquelin, lre partie en 1903^ 2e partie en 1908 trad. par Ralph Schropp, 1905 – trad. par Amédée Boutarel, musique de Schumann, 1909 – trad. par Émile Vedel, 1913; trad. par T. de Wyzewa, 1913; – trad. lre partie par J. Rohmer – trad. 2e partie par Th. Gauthier, 1923 – trad. et Notice par Henri Liehtenberger, 2 vol., 1924. Éditions actuelles – Trad. par Albert Stapfer 7 fr. 50. Trad. par Henri Blaze 7 fr. 50. .'– Trad. par Gérard de Nerval 7 fr. 50. -f- Trad. avec Werther et Hermann et Dorothée. – Cl. Garni er et Flammarion '5, fr. 75 et 4 fr. 50. – Trad. par T. de Wyzewa 12 francs. – Trad. par Henri Lichtenberger, 2 vol. 10 francs les 2 voL. – Wilhelm Méister, trad. par Toussenel, 4 vol., 1829 – trad. par la Baronne A. de Carlowitz, 2 vol., 1843 trad. par Théophile Gautier fils, 2 vol., 1861 éd. actuelle à 7 fr. 50 – imité, sous le titre de Mignon, par Ch. Simond, 1893; – trad. par Henri Liehtenberger, 1925 5 francs. – Élégies romaines suivies d'épigrammes, ballades, épîtrès et choix de poésies fugitives, 1837 trad. par Ralph Schropp, 1888 – les Épigrammes, trad. par Ralph Schropp, 1888. – Œuvres d'Histoire naturelle, trad. par Martins, 1837. – Théâtre, trad. par X. Marmier, 1839. ~– Maîtimes et Réflexions, trad. par S. Sldower, 1842. ̃– Poésies, trad. par H. Blaze, 1843. – Correspondance inédite avec Bettina d'Arnim, trad. par Sébastien Albin, 2 vol., 1843. – Les Affinités électives, suivi d'un Choix de Pensées, trad. par la Baronne A. de Carlôwitz, 1844 – trad. par Camille Selden, 1872 éd. actuelle à 7 fr. 50. Lettres inédites de Goethe,- là plupart de -l'époque de sa jeunesse, pub. par Kestner, trad, par L. Poley, 1855. – Iphigénie en Tauride, trad. en vers par E. Borel, Stuttgart, 1855 – par B. Lévy, avec texte allemand et notes, 1866 – trad. en vers, avec Étude, par A. Legrelle, 1870 ° – trad. avec intr. et notes par Emile Riquiez, 1891 – trad. par Eugène EichtaJ, 1900 – trad. par Georges Dwelshauvers, Bruxelles, 1903 – trad. par E. Leclérc, Langrjes, 1903. – Le Renard, trad. par Ed. Grenier, 1858;-– adapté pour la jeunesse par Charles Kémen, 1881 – imité Le Roman de Renard par Chauvin, Limoges, 1903. – Œuvres, trad. par Jacques Porchat, 10 voL, 1860-18Ù3 . – Poésies diverses, Pensées, Divan orientaloccidental. Tomes II, III, IV. – Théâtre. Tome- V. – Poèmes et Romans. Tome VI. – Les Années d'apprentissage de Wilhem Meister. Tome VII. – Les Années de voyage de Wilhem Meister, Nouvelles. Tome VIII. – Mémoires. Tome IX. Voyages en Suisse et en Italie. Tome X. – Mélanges. On peut avoir actuellement les tomes II, VI I, IX et X à 10 francs le vol.. – Entretiens de Gœthe et d'Eckermann, trad. par Charles, 1862 – trad. par Émile Délerot, Intr. par SainteBeuve, 2 vol., 1863 éd. actuelle 7 fr. 50 le vol.. -Correspondance entre Goethe et Schiller, trad. par la Baronne de Carlowitz, avec Étude par Saint- René Taillandier, 2 vol., 1863. – Correspondance choisie, trad., intr. et notes par J. Gérard, 1877 – trad. par Lucien Herr, 2 vol., 1923 9 francs le vol.. – Œuvres scientifiques de Gœthe, avec Étude, par Ernest Faivre, 1862. Mon Journal, trad. en vers par Jules Froelich, 1881. Le Tasse, trad. par J. Porchat, avec texte en regard, 1882. – Campagne de France, trad. par J. Porchat, 1882. – Frère et Sœur, comédie imitée de Gœthe, 1883; – – imitée par Destreiix de Saint-Cristol, Montpellier, 1889. – Gœtz de Berlichingen à la main de fer, trad. avec texte en regard, par Lang, 1883. – Les Confessions d'une belle âme, trad. par Paul Lallierj 1884. – Pages choisies, avec'Notice et notes par Pierre Lasserre et Paul Baret, 1901 9 francs.. – Le Roi des Aulnes, trad. par Catulle Mendès avec la partition de, Schubert, 1904. – Sa tyros, suivi de quatre Élégies romaines et du Journal, trad. par G. Polti et P. Morïsse, 1907. – Lieds, Ballades, Poésies diverses. trad. par Alphonse Séché, 1909. ir– Lettres choisies, trad. par MUe A. Fanta, Préface d'Arthur Chuquet,. 1912 7 fr. 50. y – Mélusine, imité par Ch. Simond, 1912. – Poésies lyriques, trad. et notes par Th. Gautier, 1922. – Le. Serpent vert, conte trad. par Oswald Wirth, 1922 6 francs. – La Vocation théâtrale de Wilhem Meister Première Version de Wilhem'Meister, trad. par Florence Halévy, Intr. de Michel Arnault, 1924 15 francs. Frédéric SCHILLER 1759-1805. – Les Brigands, Fiesque, Intrigue et Amour, Don Carlos, trad par Friedel et Bonneville Nouveau Théâtre allemand, 12 vol. 1782. Les Brigands, trad. sous le titre Robert, Chef de voleurs par La Martéllière, 1793 trad. sous le titre Les Voleurs par Creuzé de Lesser, 1795 – trad. par le Baron de Barante dans les Œuvres dramatiques, 1821 – trad. par X. Marmier dans le Théâtre, 1840 – trad. par Hognais, 1852 – trad. par Ad. Régnier dans les Œuvres, 1855; – trad. nouv., 1867 trad. en Publications à 0 fr. 05, 1886 – trad. par Guy Brand, 1898 trad., suivie de celles de Marie-Stuart et de Guillaume Tell, par Raoul Lantzenberg, 1909. Histoire de la Guerre de Trente ans, trad. par d'Arnay, 2 vol., 1794 par Chamfeu, 2 vol., an XI 1803 – par Meyriier, 2 vol., 1813 – par Mailher de Chassat, 2 vol., 1820 – par la Baronne de Carlowitz, 1842 éd. actuelle à 7 fr 50 – par Théodore Joran, 1896. – La Cloché, ou Le Chant de la Cloche, ou Le Lied de la Cloche, trad. par Millin, 1795; – trad. dans le tome V du Magasin encyclopédique, 1808 – trad. en vers par M. Peyrelle, 1848 trad. par le Dr Just, 1859 trad. en vers par-Fr. Amiel, 1860 – trad. en vers par Paul JDemeny, 1872 – trad. en vers par Gustave Fortin, 1884 – trad. en vers équimétriques et équirythmiques par Edouard Pesch, 1890; – trad. par Emile Strauss, 1896 – trad. par Charles Krumholtz, Besançon, 1913. .1 – Œuvres dramatiques, trad. par le Baron de Barante, 6 vol., 1821 – même trad. complétée par H. de Suckau, 3 vol., 1852-1863 éd. actuelle en 3 vol.. à 5 fr. 75 le vol.. Théâtre, trad. par X. Marmier, 2 vol., 1840 éd. actuelle en 3 vol. à 7 fr. 50 le vol.. – Histoire du Soulèvement des Pays-Bas; trad. par Clot, 1821 par A. Régnier dans les Œuvres, 1855 – trad. par G. Langhans, Colmar, 1863. – Jeanne -d'Arc voir Barante, Marmier – trad. par V. Cappon, 1844 – par A. Régnier dans les Œuvres, 1855 – trad. en vers sous le titre La Pucelle d'Orléans par Albert Ulrich, 1911. Intrigue et Amour, trad. par Alexandre Dumas, 1847. -L-~ Guillaume Tell voir Barante, Marmier trad. avec texte en regard par Th. Fjx, 1850 – trad par Jules Mulhauser, 1852 – trad. par A. Régnier dans les Œuvres 1855 –trad. dans le mètre de l'original par François Sabatier-Ungher, Kœnisberg, 1859 trad. par M. Lengham, Colmar, 1860 – trad, par Ad. Méliot, 1866 – trad. par J. Porchat, 1866 trad. par G. Haeber, 1875 – trad. en vers par Henri Villard, 1887 trad. par E. Butet, 1895 – adapté pour les enfants par Franc-Nohain, 1908 trad. en vers par Albert Ulrich, 1911 –trad., notices et notes par J. Rohmer, 1921. – Fiesque voir Friedel et Bonneville – trad. par Hector Crémieux, 1852. Marie Stuart voir Barante, Marmier – trad. avec texte en regard, par Th. Fix, 1853 par A. Régnier dans les Œuvres, 1855. 1 – Wallenstein voir Barante, Marmier; trad. par Oscar Falateuf, 1853 trad. par A. Régnier dans les Œuvres y 1855; Les trois Parties trad. par Théodore Braun, 1864 – trad. en vers par Michel Freydane, 1896. – Œuvres, trad. par A. Régnier, 8 vol., 1855-1875 Tome I. Vie de Schiller, Poésies. Tomes II, III et IV. – Théâtre. Tomes V, VI. Œuvres historiques. Tome VII. – Mélanges, préc* du Visionnaire. Tome VIII. – Esthétique. Edition actuelle à 10 francs le vol.. ̃ – Poésies voir A. Régnier – trad. par Mûller, 1858. La Mission de Moïse, trad. par F. Seippel, Le Havre, 1859. • – Don Carlos voir Barante, Marmier, A. Régnier – trad. en vers par Adrien Brun, 1860 trad. en vers par Henry Faye, 1881 trad. par B. Joël, 1895. – Correspondance avec Gœthe voir Gœthe. – L'Hôtelier du Soleil, trad. par Félix Thessalus, 1867. – Le Neveu pris pour l'Oncle, trad. par Anthime Leroux, 1887 – trad. sous le titre Oncle ou Neveu r par Paul Desfeuilles, 1892. – Théâtre en vers, trad. en vers par Théodore Braun, 3 vol., 1870. – Pages choisies, trad. par Ludovic Roustan, 19049 francs. – Les Brigands, Marie Stuart, Guillaume Tell, trad. par R. Lantzenberg, 1909 4 fr. 50. de Kotzebuë 1761-1819. – Le Club jacobin, trad. par M. Elis, 1792. w – Misanthropie et Repentir, ferad. par Fauvelet de Bourrienne* sous le titre L'Inconnu, 1792 ;– trad. par Rigaud, 1799 par Weiss, 1799; par Mme Bursay, et arrangée pour la scène par M11"5 Julie Mole, 1799 – trad. par Alphonse Pages, 1863. – Théâtre, trad. par Weiss et Jauffret, 2 vol., 1799; – Supplément, par de M. et W., 1820. – Contes à mes Fils, trad. par Mme Julie Pécontat, 1866. – Théâtre choisi, trad. par MM. de Barante et Félix Frank, 1870. Les gros Bonnets de Krœhwinkel d'après La Petite Ville, 1879. A deux de Jeu, adapté par Alfred de Corval, 1881. La Petite Ville allemande voir Weiss et Jauffret, Barante et F. Frank – trad. par A. Desfeuilles, 1887. La Barrière maudite, Histoire de mon exil, trad., Lille, 1898. La Petite Ville allemande, suivie de La Cruche cassée de Kleist el de Minna de Barnhelm de Lessing, trad. par M. R. Bastian, 1912 4 fr. 50. HEEREN 1760-1842. Essai sur l'influence des Croisades, trad. par Ch. Villers, 1808. Manuel historique du Système politique des Etats de l'Europe et de leurs colonies depuis la découverte des deux Indes, trad. par Guizot et Vincens Saint-Laurent, 2 vol., 1820. ` ° Manuel de l'Histoire ancienne, trad. par A. Thurot, 1823. De la Politique et du Commerce des peuples de l'Antiquité, trad. par W. de Suckau et A. Schùtte, 7 vol., 1829-1844. HEBEL 1760-1826. – Poésies suivies de Poésies de Kœrner, Uhland, Heine, trad. par M. Buchon, Salins, 1846. – Poésies complètes, trad. par M. Buchon, 1853. – Poèmes allémaniques, trad. par M. Buchon, 1864. – Contes allemands, imités par Nicolas Martin, 1866. AUGUSTE LAFONTAINE 1759-1831. – Nombreuses Œuvres, trad. par Mme de Montolieu, le yte de Forestier, Breton, Cramer, la Csse de Montholon. -dans La France littéraire, 1827-1829. – Nouveaux Tableaux de Famille, trad. par Mm? de Montolieu, 3 vol., 1841. – Le Vaurien, Tableaux de Famille, trad., 1858. Addenda à la précédente Bibliographie. – Les Nibelungenlied, trad., intr. et notes par F. Piquet, 1924 5 'francs. LUTHER. – Pages choisies, trad. intr. et notes par Maurice Goguel, 1925 5 francs. A. MONNIER et JEAN PORSON PAGES FAUST SCÈNE I Une haute cellule voûtée. Faust, nerveux, est assis à m table de travail. Nuit. Faust. J'ai fait, j'ai tout fait. Philosophie, médecine et jurisprudence Et théologie, hélas J'ai tout étudié, avec ardente ardeur. Et me voici, à ce jour, pauvre insensé, Aussi instruit qu'aux premiers temps. Oh je suis magister,, je suis même Docteur Et depuis des ans et des ans, A droite, à gauche, de-ci, de-là, Par le bout du nez je promène des élèves – Et jamais, jamais, je n'arrive à Savoir v Cela me brûlera le cœur, un jour. ` Oh je suis plus fort, que tous ces iafïmes, Docteurs, magisters, scribes et, moines X { Point ne m'enchaînent les scrupules et les, doutes, Point ne m'effrayent les démons ou l'eiïfer – C'est pourquoi aussi m'est refusée la Joie. Je ne me figure pas posséder le Vrai, Je ne me figure pas répandre des doctrines Qui. élèvent et convertissent l'Humain. Aussi n'ai-je ni biens ni terres, ` Mi honneurs ni splendeurs du monde. Pas un chien ne voudrait encore de cette vie Et c'est pourquoi je me suis donné à la Magie Par la force et l'art des esprits Maints secrets peut-être me seront révélés Que plus,jamais,-avec d'amères sueurs, Je ne doive affirmer ce que je ne sais point, Que je reconnaisse ce que le monde Au plus profond recèle, Que je voie les puissances et les origines Et ne me débatte plus dans le vide des mots Oh verrais-tu, rayon de pleine lune, Pour là dernière fois -L'angoisse- que tant et tant de lourds minuits Me virent courher à cette table Tu m'apparaissais alors, très douce amie, Et tu glissais jusqu'à moi sur les parchemins et les livres u-Ah puisse-je, au sommet des montagnes Errer dans ta lumière aimée, Aux portes des cavernes flotter avec les ombres, Voguer sut les prairies dans l'aube de tes rayons, Loin des tortures du Savoir Me baigner avidement dans la rosée de ta fraîcheur 1 Horreur! Lé cachot m'emprisonne encor 1 Maudite et sombre niche Où la divine lumière du ciel Tombe confusément de vitraux barbouillés 1 Emplie d'un amas de grimoires \Que perforent les vers, qu'ensevelit la poussière, Noircie jusqu'à là voûte d'un papier entamé. Bourrée de cornues, d'instruments et de tubes, Encombrée d'ancestraux reliquats, Voilà ce qu'est ton monde! Cela s'appelle un monde – Et tu demandes encore pourquoi ton cœur Se replie dans ta poitrine, Pourquoi un mat inexploré Noue et tes membres et ta vie ? Au lieu de la nature en fleur Que Dieu créa pour tes pareils Ju vis dans la fumée et dans la pourriture Encerclé de squelettes et de tibias blanchis Va, fuis, là-bas, dans l'immense Nature Et ce manuscrit mystérieux, oeuvre de Nostradamus N'est-il pas le compagnon suprême ? a' Tu connaîtras la voie des étoiles, Et lorsque t'enseigne la Nature Monte en toi la sève de l'âme Comme parle l'esprit à un autre esprit. ` Inutile que de sèches réflexions Te dévoilent ici les signes sacrés Vous flottez à mes côtés, Esprits! Répondez- moi si vous entendez! 1 Il ouvre un in-folio, et considère le Signe du Macrocosme. Ha Quelle joie subite s'irradie En moi travers tous mes sens Jeune et sainte, une joie de vie S'épanouit en nies nerfs et mes artères – Était-il dieu, celui qui écrivit ces Signes Qui le tumulte intime Qui emplissent de joie le cœur amer Et, avec des gestes de mystère, Dévoile autour de moi les forces éternelles ? Suis-je donc Dieu ? Je ï»e parais tout clair Je vois dans ces B^»8 pures La nature en travail se mouvoir devant moi. Aujourd'hui enfin j'entends la parole du sags ï Le monde des Esprits n'est pas de l'Hermétique J Ton âme est çlose^ ton çeui? est mfflt – Va, disciple, et baigne, inlassable, Ta poitrine terrestre dans l'aube rougissante » Il considère le Signe. v Comme tout se tisse en Tout, L'un en dedans l'autre vit et crée. Lés puissances du ciel descendent et remontent Et de l'une à l'autre échangent les seaux d'or. Les ondes parfumées, émanées du ciel Parcourent la Terre, Et l'Univers, harmonieusement, vibre de leur vibration. Quel spectacle Mais, hélas rien qu'un spectacle ~°~ pÙJt'atteindre, Nature illimitée! Oh! mamelles, sources de toutes vies Que le ciel et la terre agrippent et étreignent, Là où se pressent les poitrines fanées Vous abreuvez, vous étanchez Jes Soifs, Et dois-je donc en vain languir ? ™» II feuillette la volume mes découragement. Le Signe de l'Esprit dp la Terre l'arrête. Comme bien autrement Ce Signe à moi se manifeste 1 Tum's plus proche, toi, esprit de la trj?e Déjà je sens mes forces hautes, Déjà je rayonne comme de vin. nouveau. Je me sens prêt à braver le monde, A porter la Terre et ses malheur et ses joies, A ine débattre dans l'ouiagan nçir, A rester sans frémir sur le voilier qui coule- Des vapeurs montent, là-haut La. lune s'efface -– La lampe vacille – Il brûle – .Des rayons de feu M'enlacent la tête Une angoisse tombe Et m'étreint -1 Oh je sens, tu es là, tu m'entoures, esprit qui me hante Dévoile-toi – – Ah comme il arde en mon cœur Vers des frissons nouveaux Mes sens unanimes s'affolent– Mon âme toutentièré à toi s'est adonnée 1 Je yeux, je te veux! Et qu'il m'en coûte la vie Il prend V in-folio et récite myMêrieusementlF invocation à l'Es» prit Une flamme rougeâtre jaillit. L'Esprit apparaît. L'Esprit. Qui m'appelle ? – Vision épouvantable l Tu m'as puissamment arraché A la longue étreinte de ma Sphère Et maintenant– FAUST. Oh tu me fais mal 1 L'Esprit; Tu demandes, haletant, à me voir r- FAUST se détourne. L'ESPRIT. A entendre ma voix, à surprendre mes Traits Ee désir de ton âme a soumis ma puissance, Me voici Quelle terreur pitoyable, O Surhomme, t'écrase Où est le cri de ton âme ? ?. Qù est ce cœur, qui édifiait et portait un monde, Ce cerveau frémissant de joie qui pensait Se hausser jusques à nous, les Esprits ? Où es-tu donc, Faust, toi dont la voix me parvint Toi qui de toutes tes forces t'accrochais à moi Est-ce bien toi, ce vermisseau craintif Qui frissonne au plus profond de ses fibres Sous la tempête de mon haleine ? Faut. Faut-il que je te cède, Spectre de flammes ? C'est moi, c'est Faust, ton semblable L'ESPRIT. Je voguè et j'oscille Dans les vagues de la vie. Je tangue et roule Dans les souffles des foules Berceau et tombeau Mer éternelle Éternel flot De l'efflorescente vie v Je travaille au vrombissant rouet des Temps Et tisse à la Divinité ses vivants Ornements ̃ .'̃̃ FAUST. O Toi qui parcours l'Univers immense Esprit de l'action, combien 'de toi je me sens proche K "̃ ' Je ne sais si Le Navire d'Argent a rendu autant de services que La Proue. Va-t-il sombrer comme la vaillante entreprise de nos amis d'Argentine ? Nous voici au terme de notre première année pour arriver à assurer la publication régulière de ces douze numéros, il a fallu fournir un effort, une dépense, que seuls peuvent imaginer les gens qui font ou qui ont fait une revue. Toujours est-il qu'il est impossible de continuer sur les bases que j'avais primitivement cru possibles. J'ai dépensé tout le peu d'argent que j'avais, tout l'argent que Sylvia Beach a pu me donner. Nous avons même dû emprunter et, comme nos librairies nous fournissent juste de quoi vivre, il faut, pour nous tirer d'embarras, que je me résigne ` à vendre ma particulière qui représente à peu près tout ce que -je possède de plus précieux. Je n'ose prévoir le résultat de cette Vente 1. J'espère qu'il nous mettra en mesure de rembourser ce que nous devons et qu'il me donnera même le moyen de continuer mon effprt d'une manière ou d'une autre. Le Navire d'Argent, s'il reparaît, ne reparaîtra certainement pas avant Octobre. – D'ici là, nos abonnés recevront, .s'il y a lieu, l'exposé du nouveau Programme. Les abonnements en cours seront remboursés dès maintenant à ceux qui en feront la demande. Je remercie ici, du fond du cœur, toutes lespersonnes qui ont bien voulu, jusqu'à présent, nous hpflprer "de, leur confiance, ̃"̃, con'fiances = ~-s3 yt~ ADRIEMNE jnh^tiT^àêj ° p,rt?.-s5 ~y~'v~ 1 Qui aura lieu à Vmtel des Ventes, Salle n» 8, les Vendredi 14 el Samedi 15 Mai, par le ministère de Ma Edouard Giord, commissaire-priseur, assisté de M. L. Giraud-Badin, Libraire de la Bibliothèque Nationale. TABLE DU TOME III FÉVRIER 1926 – MAI 1926 -̃ FÉVRIER Jan Giraudoux. – A la recherche de Bella 3 Jean Mistler. – L'Inquiet 14 Benjamin Crémieux.. – Italo Svevo 23 Italo Svevo. – Zeno Cosini 27 Traduction par Benjamm Crémieux. Italo Svevo. – Emilio Bmntani 54 Traduction par Valery Larbaud. Abel Chevalley. – Le Roman corporatif au temps de Shakespeare 64 REVUE DE LA CRITIQUE. – Notes de Jean Prévost 77 Si~ Opinions 82 LA GAZETTE, par Adrienne Monnier 89 , MARS Walt Whitman. – La Dix-Huitième Présidence 99 Traduction par Sylvia Beach et Adrienne Monnier. '"̃ Notice de Jean Catel. Vyilliam Carlos Williams. – Le grand Roman américain 125 Traduction par Auguste Morél. Robert Me Almon. – L'Agence de Publicité 137 ? Traduction par Sylvia Beach et Adrienne Monnier. Ernest Hemingway. – L' Invincible 161 Traduction par Georges Duplaix. Cummings. – Sipliss 195 'j Traduction par Georges Duplaix. `~ REVUE DE LA CRITIQUE. – Notes de Jean Prévost 21 cC, ~"N°1~~dè-Je~.gJ\Év!ls~i.~ '~1;1"' Opinions ..rixdu travail qui leur sera proposé; nous transmettrons leurs conditions à nos abonnés qui devront nous faire parvenir à lîavance la rétribution demandée. Cette rétribution sera versée intégralement à nos collaborateurs. Toute lettre demandant réponse devra être accompagnée d'un timbre. 12, RUE DE L'ODEQN. PARIS -Vie SHAKESPEARE AND M SYLVIA BEACH BOOKSHOP LENDING LIBRARY EDITOR OF ULYSSES On jme saura gré de signaler la meilleure, la plus complète et la plus moderne des librai- ries et bibliothèques de prêt anglo-américaines que. possédé Paris. C'est Shakespeare and Company à la tête de laquelle est Miss Sylvia Beach dont le fôïe comme éditeur et comme propagandiste eu France des plus récentes œuvres anglaises et américaines lui assure, dès à présent, une place enviable dans l'histoire ïittéraiïe des Etats-Unis, et qui réunit autour d'elle l'élite des jeunes écrivains anglais, irlandais et .américains qui nément. ~i' VALERY LARBAUD. t La Revue de France PAilIS. 8OC. GÉNÉK. D'iMPK. ET D'ÉDIT., 71, HUE DE BENSBS. 1026 Contrasté Insuffisant ou différant, mouvais» qualité d'impression Under-contrast or différent, bad prlntlng quallty
Mes ongles ne poussent pas Certes, il peut être pratique de ne pas avoir besoin de se couper les ongles, mais cela peut également indiquer un problème de circulation sanguine, notamment que le flux sanguin a de la difficulté à atteindre cette extrémité de votre corps. Problèmes de micronutriments, artères en mauvais état, tension artérielle en dehors des clous ? Ces paramètres sont à surveiller. Des ongles qui ne poussent pas peuvent aussi être signes de carences alimentaires manque de protéines riches en acides aminés soufrés nécessaires à la formation de la kératine, de vitamines A et B, de fer , de zinc ou de silice ? Leurs taux sont à vérifier avec une prise de sang. En naturopathie holistique, des ongles plats et mous sont interprétés comme la présence possible d’une hyperthyroïdie, de troubles hormonaux ou d’un manque de fer. Un petit bilan serait, là encore, bien utile. Mes ongles sont jaunes/blancs/bleus La naturopathie holistique porte d’autre part un grand intérêt à la couleur des ongles. Des ongles en bonne santé doivent être roses et brillants ; s’ils sont jaunâtres alors que vous ne fumez pas ni ne souffrez d’une mycose, il faut surveiller votre foie. Un ongle blanc opaque, lui, pourrait être un ongle de Terry », un des symptômes d’une cirrhose de foie surtout si votre lunule s’agrandit, d’une insuffisance rénale chronique ou encore d’une insuffisance cardiaque congestive. Enfin, un ongle ivoire vous appelle à vérifier votre alimentation. Il est en effet parfois un signe d’anémie. Vos ongles sont devenus bleus à la base ? Une insuffisance cardiaque se cache peut-être derrière cette évolution. S’ils deviennent intégralement bleus, vous pouvez craindre des troubles circulatoires sauf si vous avez eu un choc violent dans ce cas, il s’agit simplement d’un hématome, voire une maladie pulmonaire ou artérielle périphérique. Dans tous les cas, cette couleur ne doit pas être prise à la légère. À la base de l’ongle, on distingue la lunule, petit croissant de couleur blanche. Si ce n’est pas le cas, prenez le temps de faire un petit check-up santé. Si la lunule est bleue ou azur, vous souffrez peut-être de la maladie de Wilson, maladie génétique rare caractérisée par l’accumulation toxique de cuivre dans l’organisme. Une lunule rouge peut quant à elle signaler une insuffisance cardiaque, mais également un lichen. Et une lunule marron ou noire laisse supposer un apport trop important en fluor. Mes ongles présentent des lignes blanches horizontales Si vous avez plusieurs lignes blanches horizontales sur le même ongle, parallèles à la lunule, et que celles-ci ne disparaissent pas à mesure que l’ongle pousse, il s’agit probablement de lignes de Muehrcke ». Leur apparition devrait vous inciter à faire une prise de sang pour vérifier votre taux d’albumine, dépister une possible malnutrition, une anémie ou des problèmes d’élimination hépatique ou rénale. Il n’y a parfois qu’une seule ligne blanche, relativement épaisse, qui disparait à mesure que l’ongle pousse c’est une ligne de Mees ». Celle-ci peut témoigner d’autres problèmes une intoxication à l’arsenic, des carences nutritionnelles, certaines maladies infectieuses ou une conséquence d’une chimiothérapie. Pour différencier les deux, appuyer sur l’ongle s’il devient rose, il s’agit vraisemblablement de lignes de Muehrcke. Mes ongles sont tachés Des taches blanches signent quasi certainement une carence en zinc, voire en silice et pas vraiment en calcium, comme on l’entend souvent. Rajoutez huitres, germes de blé, graines de courges, lentilles et viande de bœuf à votre alimentation, et pensez aux compléments alimentaires si la carence est trop importante. Si vous voyez apparaître, sous l’ongle, une décoloration noire, brune ou grise, ne la prenez pas à la légère, surtout si elle s’étend aux zones autour de l’ongle. Une bande de 3 mm de large minimum et aux bords irréguliers correspond à ce que les médecins appellent le signe de Hutchinson » mélanonychie longitudinale cette hausse du nombre de mélanocytes peut être bénigne lentigo, nævus ou maligne. Consultez un dermatologue pour faire le point. Mes ongles sont de forme concave/convexe La forme de vos ongles peut également en dire beaucoup sur votre état de santé. Si les bords de vos ongles remontent vers le haut, donnant à ces derniers une forme concave en cuillère, vous souffrez probablement d’une carence nutritionnelle, et plus précisément d’une carence en fer et en vitamine B12. Vérifiez que vous n’êtes pas anémié. Au contraire, si le bord de vos ongles se courbe de plus en plus vers le bas, à mesure que gonflent vos doigts hypertrophie des dernières phalanges, il peut s’agir d’hippocratisme digital ou doigts en baguettes de tambour ». Décrite par Hippocrate il y a deux mille cinq cents ans, mais d’origine complexe, ce signe clinique évoque de nombreuses maladies respiratoires, cardiaques, inflammatoires, hépatiques. Il faut consulter votre médecin pour poser un diagnostic. Mes ongles se cassent ou se dédoublent Avoir les ongles qui se cassent tout le temps ne signifie pas forcément, comme on nous l’a longtemps dit, que l’on manque de calcium. Des ongles cassants en dehors d’un usage de produits agressifs peuvent indiquer une hypothyroïdie, une carence en fer, en vitamine A, en collagène ou en glycine un acide aminé nécessaire à la production du collagène. Une friabilité permanente de l’ongle peut également, selon l’interprétation de la naturopathie holistique, être le signe d’une parasitose intestinale ou de troubles de l’équilibre acido-basique. En aucun cas les informations et conseils proposés sur le site Alternative Santé ne sont susceptibles de se substituer à une consultation ou un diagnostic formulé par un médecin ou un professionnel de santé, seuls en mesure d’évaluer adéquatement votre état de santé
Si certains négligent leurs ongles, d'autres en prennent grand soin, comme en témoigne le secteur de l'esthétique et de la il faut garder à l'esprit que la fonction première des ongles est de protéger les doigts et les plus, les ongles sont un reflet de la santé générale du des ongles ComprendreLes affections des ongles peuvent prendre diverses formes Déformations des onglesapparition de sillons stries parallèles en ligne droite ; c'est la déformation la plus fréquente ;déformations en forme de marches d'escalier ;petits creux à la surface des ongles ;ongles et aspect crayeux des onglesépaississement de la couche supérieure de l'ongle et effritement des couches inférieures à la manière de la craie ;coloration vaguement jaunâtre ;problèmes fréquents et insidieux, affectant surtout les ongles des orteils ;peut être douloureux, en particulier dans le cas d'une infection ;risque plus élevé chez les personnes ou dédoublement des onglesongles qui se cassent ou modification de la couleur de l'onglecoloration bleutée sous l'ongle, avec ou sans douleur ; c'est le cas le plus fréquent ;petites taches rougeâtres sous l'ongle, parfois accompagnées de fatigue ;coloration anormalement pâle sous l' au niveau d'un ongledouleur souvent pulsative qui suit le pouls au pourtour de l'ongle ; lorsqu'elle se situe aux orteils, la douleur s'intensifie en marchant et évolue rapidement ;s'accompagne généralement de rougeur, d'une sensation de chaleur, d'un gonflement et, parfois, d'un écoulement de de se ronger les ongles onychophagiel'individu se ronge les ongles de manière des ongles CausesDéformations des onglesInflammation de la racine de l' la cause des déformations de type "sillons" et "en marches d'escalier". L'inflammation peut résulter d'une trop grande humidité avoir souvent les mains dans l'eau, de traumatismes chimiques travailler avec des détergents et des produits chimiques ou de traumatismes physiques. L'exemple classique le coup de marteau qui frappe la racine de l'ongle. Il est fréquent que le traumatisme, un pincement du doigt par exemple, passe maladies généralisées, telles que le psoriasis, causeront de petits creux à la surface de l' auto-immunes ou maladies respiratoires sont des cas rares. Ces maladies peuvent être responsables des ongles bombés ainsi, l'insuffisance respiratoire entraînera une hypertrophie des vaisseaux sanguins pour compenser le manque d'oxygène. Dans de très rares cas, les ongles bombés seront un signe de cancer du et aspect crayeux des onglesInfection à champignons ou est un facteur déclenchant. La transpiration excessive ou le fait de marcher pieds nus au bord d'une piscine ou dans les bains publics augmentent les risques d' prédisposantes, telles que le diabète, ou mauvaise circulation du système ou dédoublement des onglesExposition répétée à l' à une sécheresse excessive, surtout par temps froid. Les ongles sont composés d'eau à 75 % et ils se comportent comme la peau la sécheresse leur donne une apparence ou modification de la couleur d'un ongleColoration coloration bleutée localisée résulte habituellement d'un hématome causé par un traumatisme ; dans le cas d'un traumatisme léger, il y a parfois absence de douleur. Une coloration bleutée diffuse est parfois un signe d'insuffisance respiratoire. Dans de très rares cas, une tache foncée sous l'ongle qui ne se modifie pas avec la croissance de l'ongle peut indiquer la présence d'un taches peuvent être un signe d'endocardite infection des valves du coeur. Elles apparaissent habituellemnent chez les personnes souffrant d'anomalies cardiaques ou qui utilisent des seringues contaminées par des bactéries pour des injections plus pâle que la signe est généralement le reflet d'une maladie généralisée comme l'anémie, des maladies circulatoires, des maladies des reins ou du foie ou encore, ce qui est rarissime dans les pays développés, d'une déficience en vitamines, notamment en vitamine au niveau d'un ongleOngle incarné et la cause la plus fréquente. Dans de rares cas, il n'y aura pas d' plus souvent, l'ongle s'incarne et s'infecte parce qu'on le coupe trop court, à la suite d'un traumatisme, de la présence d'un corps étranger, tel qu'un grain de sable, ou encore à cause de chaussures trop serrées qui, en écrasant une partie de la peau contre l'ongle, font en sorte que ce dernier pénètre dans la Il s'agit d'une infection des tissus mous autour de l'ongle, mais ce dernier n'est pas incarné. Une légère blessure cutanée favorisant l'entrée de bactéries ou un petit corps étranger sont habituellement à l'origine de l' de se ronger les ongles onychophagieStress ou déficiente. Il est fréquent que les gens se rongent les ongles parce qu'ils sont agacés par leurs contours irréguliers cela devient une mauvaise habitude qui aggrave le NewsletterRecevez encore plus d'infos santé en vous abonnant à la quotidienne de adresse mail est collectée par pour vous permettre de recevoir nos actualités. En savoir Peau, OngleSource Guide familial des symptômes sous la direction du Dr André H. Dandavino - Copyright Rogers Media, 2005
ongles de la main en ampoules incurvés convexes